Gatineau interdit la construction d'édifices de plus de 14 étages dans son centre-ville. Une restriction que souhaitent faire lever de puissants groupes immobiliers.

Gatineau interdit la construction d'édifices de plus de 14 étages dans son centre-ville. Une restriction que souhaitent faire lever de puissants groupes immobiliers.

"Les édifices en hauteur, c'est l'antidote à l'étalement urbain", affirme Charles Masse du groupe immobilier Heafey, que Le Droit a joint pour les fins de ce reportage.

Les restrictions sur la hauteur des édifices au centre-ville datent de l'ex-ville de Hull. Le conseil municipal souhaitait éviter que des gratte-ciel plongent dans l'ombre les maisons du Vieux-Hull.

Les promoteurs découragés

Le problème, c'est qu'en voulant éviter d'ombrager son centre-ville, les autorités municipales découragent des promoteurs immobiliers de développer leur terrain.

Le groupe Heafey est propriétaire depuis des années d'un terrain sur la rue Laurier, où elle souhaite ériger une tour à condos.

C'est un site de rêve, avec vue sur le Parlement et la rivière des Outaouais. Juste devant, le parc Jacques-Cartier étale son charme champêtre et ses pistes cyclables.

Qu'attend donc Heafey pour construire ? "C'est extrêmement risqué, trop risqué", laisse tomber Charles Masse.

Le groupe immobilier hésite à se lancer dans la construction d'une tour de 14 étages, dans un marché où les promoteurs gatinois sont forcés de vendre leurs logements moins cher qu'à Ottawa.

Pour être certain de rentabiliser la construction d'une nouvelle tour, Heafey souhaite construire plus en hauteur, un édifice de 20 à 24 étages.

"Ce qu'il faut comprendre, c'est que les promoteurs font leur argent avec les condos des étages supérieurs, ceux qui disposent de la meilleure vue", dit-il.

Chaque étage supérieur au 14e étage rapporterait autour de 10 000 $ de plus en loyer annuel.

Si la ville cherche à convaincre les promoteurs de construire sur les terrains vagues du centre-ville, elle doit autoriser la construction d'édifices de plus de vingt étages, insiste Charles Masse.

Il vise en particulier le quadrilatère Laurier-Maisonneuve-Sacré-Coeur-Saint-Laurent.

"Tant les promoteurs que la Ville y gagnerait. La Ville densifierait son centre-ville, elle augmenterait la valeur foncière et réduirait ses coûts en services municipaux. C'est aussi un bon départ pour attirer des ambassades", fait-il valoir.