J'ai été victime de clonage. Ben oui, moi aussi...

J'ai été victime de clonage. Ben oui, moi aussi...

Personne n'est à l'abri, malgré les meilleures précautions.

Je vous raconte l'histoire.

Le 16 novembre dernier, on m'a refusé un petit achat par carte de crédit au supermarché. Un ennui technique temporaire, sans doute... J'ai payé comptant. Autre achat le lendemain, même refus. Cette fois, plus de doute : il y avait un problème.

De retour à la maison, appel au centre de soutien Desjardins. Mon interlocuteur m'apprend que ma carte a été bloquée à la suite d'un clonage (ciel!). Trois jours plus tôt, le 14 novembre à minuit, des achats de plusieurs milliers de dollars ont été tentés dans un bar en Haïti (reciel!!). Les transactions ont été immédiatement bloquées. " Rassurez-vous, aucune de ces transactions n'est imputée à votre compte ", m'assure le préposé, d'une parfaite affabilité.

En effet, une transaction de 912,95 $ a été enregistrée à 0 h 11 min 49 sec.

Moins d'une minute plus tard, à 0 h 12 min 26 sec, une autre transaction de 3755,90 $ a été tentée. Celle-là a été bloquée. Trente secondes après, nouvelle tentative pour 1251 $.

Le matin, à 8 h 34, Desjardins laissait un message téléphonique à ma résidence pour m'aviser du problème. À la décharge de l'entreprise, ce message ne m'est parvenu que trois jours plus tard, en raison de l'inconstance des transmissions intrafamiliales (ah! les enfants...).

Le préposé m'a demandé de détruire ma carte. Trois jours ouvrables plus tard, j'en recevais une nouvelle par la poste.

Détection automatique

Desjardins a supporté la perte de 912,95 $. " Mais nous étions bien contents d'avoir cette stratégie, car il y a eu sept autres tentatives à l'intérieur d'une minute ", confie Louise Paquette, chef de service sécurité au services des cartes de Desjardins.

Le système de sécurité informatisé de l'entreprise avait repéré la transaction frauduleuse, évalué son risque et bloqué le compte dans la seconde qui a suivi son inscription. " C'est la beauté d'un système de détection, commente Mme Paquette. Sans système, la perte peut atteindre la limite de crédit de la carte. "

La provenance de la transaction, Haïti, avait mis la puce à l'oreille de la machine, dont le filtre est continuellement mis à jour. " Il y a des problèmes de fraudes dans certains pays présentement, explique Mme Paquette. C'est pourquoi on peut être précis et ne pas incommoder les clients qui sont véritablement à l'étranger. "

L'heure des transactions minuit et leur somme ont ajouté au dossier à charge. En outre, j'avais fait des transactions à Montréal dans les jours précédents.

Mais j'aurais pu être en Haïti et faire une transaction honnête. Le système de détection s'appuie sur d'autres indices pour prendre sa décision. " Si vous utilisez votre carte en Haïti, il y a de très fortes chance que vous vous en soyez servi pour acheter votre billet d'avion ", explique par exemple Louise Paquette.

Dans ce cas-ci, tous les recoupements pointaient vers la fraude. Il arrive cependant qu'on bloque une carte pourtant utilisée en toute légitimité. Aussitôt qu'un blocage est effectué, un appel est rapidement fait au domicile du titulaire.

Lorsque ce blocage survient pendant un voyage à l'étranger, le titulaire doit composer le numéro sans frais indiqué à l'endos de la carte. Si nécessaire, une nouvelle carte temporaire sera émise et envoyée à très court délai.

Ai-je été négligent?

" On sait où votre carte a été clonée ", révèle Louise Paquette. Il s'agissait d'un commerce, pas de la mythique petite station-service mal famée. Elle n'en dira pas plus.

Le clonage avait été fait quelques semaines auparavant. La fraude peut suivre dans les jours suivants, mais le délai peut s'étendre à quelques mois, et exceptionnellement jusqu'à un an. " C'est moins gagnant pour les fraudeurs d'attendre aussi longtemps, car beaucoup de choses peuvent arriver à la carte entre-temps ", commente-t-elle.

Desjardins sait exactement à quel moment le clonage de ma carte est survenu mais ne communiquera pas l'information, pour empêcher qu'on identifie le commerçant. " Il faut protéger sa réputation ", poursuit Mme Paquette.

Car si les fraudeurs profitent souvent de complicités internes, il arrive que le clonage soit fait à l'insu de tous les employés. C'est ce qui s'est produit dans mon cas, m'a-t-elle expliqué sans trop entrer dans les détails. Le petit terminal où on glisse sa carte a été remplacé par un autre, trafiqué celui-là. La substitution peut se faire en 30 secondes à peine. " Ce n'était pas visible pour les employés du commerce ", assure-t-elle.

Bref, même si on suit à la lettre la liste complète des précautions d'usage ne pas quitter sa carte des yeux, par exemple , on peut quand même être victime de clonage. " Le client ne peut pas vraiment y faire grand-chose, indique Louise Paquette. Au cours de la dernière année, nous avons beaucoup travaillé avec les commerçants. Les employés peuvent de plus en plus éviter que ça se produise. Ils peuvent par exemple vérifier l'équipement régulièrement, ce qu'auparavant on n'avait pas à faire. "

À la demande des émetteurs, les commerçants sécurisent de plus en plus leurs terminaux, en ajoutant par exemple un câble ou une serrure qui empêche toute substitution.

Le commerce où le clonage de ma carte est survenu a maintenant pris ses précautions. " Depuis le 7 novembre, les fraudeurs ne peuvent plus cloner à cet endroit, affirme Mme Paquette. On a pu investiguer et travailler avec le commerçant. "

Je ne sais pas si je dois me sentir rassuré.