De nouvelles menaces pèsent sur la fusion Suez-GDF, avec des rumeurs d'OPA hostile de l'homme d'affaires français François Pinault et l'apparition de complications dans les négociations avec la Commission européenne.

De nouvelles menaces pèsent sur la fusion Suez-GDF, avec des rumeurs d'OPA hostile de l'homme d'affaires français François Pinault et l'apparition de complications dans les négociations avec la Commission européenne.

La révélation par le quotidien Les Echos de jeudi que M. Pinault, proche de Jacques Chirac, préparerait une OPA sur le pôle environnement de Suez, ont fait l'effet d'une bombe au Parlement.

Les socialistes et les communistes ont demandé "solennellement" au Premier ministre Dominique de Villepin le "retrait" du projet de loi sur la privatisation de GDF "ou la suspension de son examen".

Selon Les Echos, M. Pinault a mis sur pied avec l'italien Enel un projet d'OPA au terme duquel Enel mettrait la main sur la branche énergie de Suez tandis que lui s'emparerait du pôle environnement du groupe de Gérard Mestrallet.

Le projet de mariage Suez-GDF avait été annoncé dans la précipitation fin février, précisément pour contrer une éventuelle OPA d'Enel sur Suez.

Enel a reconnu jeudi qu'un tel projet avait été étudié, tout en assurant qu'il n'était plus d'actualité.

Mais François Pinault pourrait se faire épauler par d'autres énergéticiens européens, soulignent Les Echos. Son holding "Artemis n'a pas la capacité de lancer seul une offre sur l'ensemble de Suez", a déclaré jeudi une source proche.

La révélation sur les appétits de M. Pinault tombe le jour même de la convocation d'un conseil d'administration extraordinaire de Gaz de France, qui doit se pencher sur les nouvelles exigences de Bruxelles en matière de concurrence dans le cadre de la fusion Suez-GDF.

La Commission a fait part de nouveaux griefs contre le projet de fusion, exigeant encore plus de concessions des groupes, alors, que de source proche du dossier, GDF estimerait avoir déjà fait assez d'efforts.

Ce même jour, la Commission a annoncé qu'elle repoussait d'une semaine la date butoir de son verdict sur la fusion, sans préciser les raisons de ce report, comme elle le fait d'habitude.

Officiellement, Suez et GDF déclarent que leurs équipes travaillent en bonne entente pour défendre les actifs en cause. "Nous sommes très confiants sur l'issue positive du rapprochement Suez-GDF et les discussions avec la Commission européenne se poursuivent, nous continuons notre marche en avant", a déclaré jeudi un porte-parole de Suez.

Mais le groupe a conclu la semaine dernière avec l'Etat belge un accord réduisant sa capacité électrique dans ce pays. Ces négociations, menées parallèlement aux pourparlers avec la Commission européenne, avaient provoqué l'agacement de cette dernière, jalouse de ses prérogatives.

L'accord a pu aussi déplaire à Gaz de France puisqu'il porte sur l'électricité en Belgique. Or les actifs électriques de Suez représentent un des intérêts majeurs de la fusion pour GDF.

Toutefois, la probabilité que GDF jette l'éponge semble faible, tant le gouvernement s'est impliqué dans le projet de mariage avec Suez.

"On voit mal comment l'Etat --encore majoritaire dans GDF-- pourrait ne pas être opposé au projet de Pinault, alors qu'il l'était à celui d'Enel et comment il pourrait laisser l'eau dans des mains inconnues et sans expérience", a déclaré jeudi une source proche de Suez.

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fz/jlb