Le gouverneur de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) Ben Bernanke a dressé jeudi un tableau maussade de l'économie américaine.

Le gouverneur de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) Ben Bernanke a dressé jeudi un tableau maussade de l'économie américaine.

Il prévoit une croissance «lente» jusqu'à la mi-2008 dans le sillage de la crise immobilière, et une inflation sous la menace du pétrole et du dollar faible.

Certes, l'économie reste «résistante». Mais la croissance «va ralentir sensiblement au quatrième trimestre», a affirmé M. Bernanke devant une commission économique parlementaire.

L'économie a affiché une croissance de 3,9% (en rythme annuel) au troisième trimestre, mais les économistes sont unanimes à pronostiquer un ralentissement du fait de la crise du crédit et de l'immobilier. Toute la question est d'en mesurer l'ampleur et la durée.

Pour M. Bernanke, «la croissance devrait rester lente durant la première partie de l'année prochaine, avant de se renforcer lorsque les effets du resserrement du crédit et de la correction immobilière commenceront à s'estomper».

Dans le même temps, il a aussi dit ses inquiétudes au regard de l'inflation, menacée à la fois par le pétrole cher et la dégringolade du dollar.

La hausse récente des prix de l'énergie d'abord «va sans doute faire augmenter l'inflation générale pendant un certain temps», a-t-il affirmé, alors que le cours du baril flirte avec les 100 $ US.

De plus, la baisse de la valeur du dollar a le pouvoir de faire augmenter les prix à l'importation et de doper l'inflation, selon lui.

Pris entre deux feux, avec une croissance en berne et une inflation menaçante, le président de la Fed n'a pas donné d'indication sur l'évolution des taux directeurs, réaffirmant que la banque centrale agirait «en fonction des besoins».

Mais les marchés, qui espèrent un assouplissement du loyer de l'argent, ont compris que cette hypothèse était écartée pour l'instant. Aussi la Bourse était-elle en baisse jeudi midi, le Dow Jones perdant près de 100 points après une chute de 360 points déjà la veille.

Alors que le billet vert ne cesse de se déprécier face aux autres monnaies, la question des changes s'est taillé une place de choix au cours de la séance, mais M. Bernanke s'est voulu rassurant.

«Le dollar demeure la monnaie de réserve dominante et je prévois que cela va rester le cas», a-t-il affirmé.

Le patron de la banque centrale a ajouté deux facteurs de risque supplémentaires à son scénario déjà peu optimiste sur la croissance. L'une des grandes craintes est que les conditions «continuent à se dégrader, voire empirent», sur les marchés financiers.

L'autre est que «les prix des logements pourraient s'affaiblir encore plus que prévu».

De toutes façons, «la contraction de l'immobilier résidentiel va probablement s'intensifier», a noté le président de la Fed, en prévoyant une augmentation du nombre de défauts de paiement sur les emprunts immobiliers au cours des trimestres à venir.

Il parlait des emprunts «subprime», consentis à taux variables, à des ménages peu solvables et qui voient arriver l'échéance du premier ajustement de leurs taux - synonyme, souvent, d'un bond des mensualités à rembourser.

Ce retournement immobilier, associé au pétrole cher et au resserrement du crédit, devrait selon M. Bernanke entraîner un «ralentissement» des dépenses de consommation.

C'est une mauvaise nouvelle pour la croissance car la consommation est le premier moteur de l'économie - encore plus à l'approche des fêtes de fin d'année qui permettent aux commerçants de faire l'essentiel de leur chiffre d'affaires.

Enfin du côté des entreprises l'intensification des incertitudes risque également de freiner les investissements, a averti M. Bernanke.