Les travailleurs qualifiés en aérospatiale ne sont pas assez nombreux au Québec. Les entreprises peinent à recruter les machinistes, tôliers, assembleurs, mécaniciens et ingénieurs dont elles ont besoin. Et les écoles ne forment pas assez de diplômés.

Les travailleurs qualifiés en aérospatiale ne sont pas assez nombreux au Québec. Les entreprises peinent à recruter les machinistes, tôliers, assembleurs, mécaniciens et ingénieurs dont elles ont besoin. Et les écoles ne forment pas assez de diplômés.

Pourtant, les conditions de travail sont attirantes. Le salaire moyen des métiers de l'aérospatiale est de 57 050$ par an, selon une enquête réalisée par l'agence de ressources humaines Drakkar.

Malgré la garantie d'un emploi bien rémunéré et des employeurs qui courtisent les futurs diplômés, les étudiants ne se bousculent pas aux portes des écoles.

À L'École nationale d'aérotechnique (ENA), les inscriptions ont chuté dramatiquement après les attentats du 11 septembre 2001, passant de 1500 à 550 par an. Cette année, l'ENA accueille 700 étudiants.

"Il y a eu une période de difficulté majeure dans le transport aérien après les attentats de 2001. Bombardier faisait des mises à pied. Les gens ont peur de s'inscrire", croit Serge Tremblay, directeur du Comité sectoriel de main d'oeuvre en aérospatiale du Québec (CAMAQ).

Le décrochage scolaire des garçons est aussi pointé du doigt comme l'une des sources du problème par le directeur de l'ENA, Louis-Marie Dussault.

"Notre clientèle est composée à 90% de garçons. Par ailleurs, alors qu'avant les jeunes quittaient les régions pour étudier à Montréal, ils sont maintenant plus nombreux à y demeurer."

Les préjugés ont la vie dure, croit Serge Tremblay. "Il ne faut pas se raconter d'histoires : il y a un désintéressement des métiers et une dévalorisation du travail manuel dans notre société. "

Les orienteurs n'auraient pas tendance à promouvoir ces métiers.

" La formation professionnelle et collégiale n'est pas encore bien vue. Ces diplômes donnent pourtant un travail très intéressant avec un salaire parfois aussi bon que celui d'un avocat", ajoute Richard Demoucelle, directeur associé aérospatiale chez Drakkar.

Des solutions disponibles

Pour trouver des travailleurs, les acteurs de l'industrie se mobilisent pour démystifier les carrières en aéronautique auprès du grand public.

Le salon des carrières, qui a eu lieu en mai dernier à St-Hubert, visait cet objectif. Près de 20 000 personnes l'ont visité, dont énormément de jeune.

Certains grands joueurs, comme Pratt et Whitney, organisent même leur propre salon de l'emploi. La compagnie a tenu une journée porte ouverte en août. Pour 100 postes disponibles, quelque 1700 candidats se sont présentés.

Les PME, qui n'offrent pas un nombre aussi élevé de postes, s'unissent pour trouver du personnel. En se regroupant, elles collaborent avec les écoles pour favoriser des programmes d'alternance travail études, une formule attirante pour les étudiants.

C'est ce qu'on fait douze entreprises et le CAMAQ, en lançant un nouveau programme accéléré en usinage qui a débuté en avril dernier, à l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal.

Sans compter qu'au cours du mois, Serge Tremblay, directeur du Comité sectoriel de main d'oeuvre en aérospatiale (CAMAQ), s'envolera pour la Roumanie en compagnie de représentants d'une dizaine de PME québécoises spécialisées en aérospatiale.

Choyer ses employés, ça rapporte !

Jorge Valencia était étudiant en génie informatique au Mexique. En 1998, en venant faire une session à l'UQAM dans le cadre d'un échange, il ne savait pas qu'il deviendrait un jour l'architecte du système visuel en 3-D des simulateurs de vol fabriqués chez CAE.

D'autant plus que l'entreprise pour laquelle il travaille vient d'être nommée l'un des 100 meilleurs employeurs au Canada par Mediacorp. Ça n'étonne pas Jorge Valencia, lui qui a tellement aimé son premier stage chez CAE qu'il a décidé d'y faire deux autres stages et d'y poursuivre sa carrière.

Il faut dire que son nouvel employeur avait tout fait pour lui faciliter la vie. On aménageait son horaire pour lui permettre de terminer ses études à temps partiel, payant même ses frais de scolarité.

"Mes superviseurs à l'époque m'aidaient beaucoup. Ils me donnaient la permission de m'absenter et de rattraper mes heures à un autre moment", raconte-t-il. Et ce n'est pas une exception.

"Nous faisons la même chose pour tous nos employés. Si quelqu'un veut se perfectionner dans un domaine en lien avec son travail, nous payons les cours. Nous offrons aussi des cours sur place. Il y a même des cours de français et d'anglais gratuits pour les employés", explique Josée Alpha, agente de communications chez CAE.