Y a-t-il quelque chose que Conrad Black n'ait pas fait?

Y a-t-il quelque chose que Conrad Black n'ait pas fait?

L'homme qui a dirigé le troisième empire médiatique au monde a aussi écrit une biographie de Maurice Duplessis, poursuivi Jean Chrétien et renoncé à sa citoyenneté canadienne pour devenir lord britannique. Retour sur la vie d'un homme riche et célèbre.

1959. Conrad Black, 15 ans, se fait expulser de l'Upper Canada College, une école torontoise parmi les plus réputées du pays. Son larcin: il a volé des copies d'examen pour les revendre à ses collègues étudiants. Et cette fois, le verdict tombe sans l'intervention d'avocats réputés et sans procès de quatre mois...

L'anecdote illustre à la fois le sens des affaires et l'aversion pour l'autorité de Conrad Black. Cet homme qui vient de subir son procès à Chicago est né à Montréal, en 1944, d'une famille de la bourgeoisie anglophone.

C'est en droit qu'il poursuit ses études, décrochant un bac à l'Université Carleton d'Ottawa, puis un diplôme en droit civil de l'Université Laval et une maîtrise en histoire de McGill.

Déjà millionnaire au début de la vingtaine, il achète son premier journal, le Eastern Townships Advertiser, à 22 ans. Il fonde Sterling Newspapers cinq ans plus tard, prend le contrôle du conglomérat Argus Corp en 1978, acquiert le contrôle du Daily Telegraph en 1985.

Son empire, Hollinger International, connaîtra son apogée à la fin des années 1990, devenant le troisième groupe de presse de la planète.

Black, en parallèle, cultive une réputation de jet-setter. Ses relations incluent l'ancien secrétaire d'état américain Henry Kissinger, l'homme d'affaires Donald Trump, l'ancienne première ministre britannique Margaret Thatcher.

Son train de vie princier défraie les manchettes. Black partage son temps entre son hôtel particulier de Londres, son appartement de New York, son manoir érigé sur un terrain de 12 hectares à Toronto et son domaine de 1580 mètres carrés donnant sur la mer en Floride.

Selon des documents déposés en cour à Chicago, l'argenterie de son jet d'affaires a coûté 3500 $ US; la soirée d'anniversaire de sa femme, célébré avec 80 invités au restaurant La Grenouille, à New York, a vu couler 69 bouteilles de vin et produit une facture de 62 000$ US.

Black, pour la petite histoire, s'est marié deux fois — d'abord avec Shirley Waters, de laquelle il aura deux fils et une fille, puis avec la journaliste du London Times Barbara Amiel. «Elle est rapidement devenue le sommet de mes désirs les plus ardents», dira-t-il de cette dernière.

Sa relation avec Jean Chrétien est tout autre. En 1999, la reine Élisabeth II offre un siège à Conrad Black à la Chambre des lords britannique.

Le premier ministre de l'époque bloque le processus, invoquant une résolution qui date de 80 ans. Black poursuit Chrétien pour 25 000$ — en vain. Il renoncera finalement à sa citoyenneté canadienne en 2001 pour devenir lord britannique.

Féru d'histoire et de littérature — il a publié des biographies de Roosevelt et de Maurice Duplessis, en plus de la sienne — Black a été dépouillé de son titre de président d'Hollinger en 2004.

Le procès qui s'est conclu hier avec un verdict de culpabilité sur certains chefs d'accusation avait débuté le 14 mars dernier.