Le monde des affaires, qui avait accueilli les budgets du Québec avec tiédeur ces dernières années, se montre pour une fois franchement enthousiaste. Et pour cause : il obtiendra enfin la disparition de la taxe honnie sur le capital des entreprises.

Le monde des affaires, qui avait accueilli les budgets du Québec avec tiédeur ces dernières années, se montre pour une fois franchement enthousiaste. Et pour cause : il obtiendra enfin la disparition de la taxe honnie sur le capital des entreprises.

«Tout compte fait, la ministre Jérôme-Forget a déposé un excellent premier budget, se félicite le président du Conseil du patronat, Michel Kelly-Gagnon. Si c'est une indication de la direction du nouveau gouvernement, cela augure bien pour la prospérité du Québec!»

Le gouvernement s'est gagné le coeur des entrepreneurs en portant un coup plus décisif qu'à l'accoutumée à la taxe sur le capital : sa diminution est accélérée et elle disparaîtra complètement d'ici un peu moins de quatre ans. Le plan se limitait jusqu'ici à la réduire de moitié d'ici 2009.

En vertu du nouveau budget, le taux de taxe sur le capital passera de 0,49 % à 0,36 % en janvier prochain, à 0,24 % en janvier 2009 et à 0,12 % en 2010, qui sera sa dernière année d'existence.

«Le gouvernement du Québec abandonne enfin une mesure qui pénalisait l'investissement plutôt que de l'encourager», commente Michel Kelly-Gagnon.

La Fédération des Chambres de commerce du Québec accueille elle aussi «favorablement» le premier budget de Monique Jérôme-Forget.

«Alors que le caractère pénalisant de la taxe sur le capital est largement reconnu, il s'agit d'une excellente nouvelle pour les entreprises québécoises», déclare sa présidente, Françoise Bertrand.

Et pour le président des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Jean-Luc Trahan, le budget «répond à une demande historique».

Québec reconduit par ailleurs une mesure du budget Audet de février dernier, mort au feuilleton : les entreprises manufacturières qui investissement dans leur équipement de fabrication et de transformation ne paieront plus de taxe sur le capital, et ce, sans délai.

Selon le gouvernement, c'est la quasi-totalité des 20 000 entreprises du secteur qui seront ainsi dès maintenant exemptées de la taxe,

Mais des représentants de l'industrie ont déjà fait valoir que des compagnies sont laissées pour compte parce qu'elles n'ont pas les moyens d'investir.

Précisément, l'allégement consenti au secteur manufacturier passe par une majoration de 5 à 10 % du crédit de taxe sur le capital des sociétés en phase d'investissement.

Selon Québec, les allégements fiscaux contenus dans le budget équivalent à 900 M$ pour le monde des affaires, somme qui s'ajoute aux réductions consenties aux particuliers.

Le tout comble les gens d'affaires. «La baisse de 950 M$ de l'impôt des particuliers combinée à la diminution et l'abolition éventuelle de la taxe sur le capital stimuleront l'investissement privé et encourageront le travail, deux conditions nécessaires à l'accroissement de la productivité des entreprises du Québec» estime le président du CPQ, Michel Kelly-Gagnon.

Le lobby patronal se réjouit aussi de l'annonce d'une adaptation progressive de la comptabilité provinciale aux normes canadiennes, de la privatisation de cinq organismes et de la formation d'un groupe de travail sur le financement de la santé, qui se penchera notamment sur le rôle du secteur privé.

S'il juge que Québec aurait pu pousser plus loin les privatisations, il parle dans l'ensemble d'un «excellent» budget.