Une toute petite question du juge Claude Leblond, lors du procès pénal de Vincent Lacroix en Cour du Québec lundi matin, pourrait avoir révélé un élément clé du scandale Norbourg.

Une toute petite question du juge Claude Leblond, lors du procès pénal de Vincent Lacroix en Cour du Québec lundi matin, pourrait avoir révélé un élément clé du scandale Norbourg.

En matinée, c'est Veda Nancoo, vice-présidente du gardien de valeurs Northern Trust, qui témoignait dans le cadre de la poursuite de l'Autorité des marchés financiers contre Vincent Lacroix.

Alors que Mme Nancoo authentifiait des documents tels que des demandes de retraits effectuées par M. Lacroix et son cousin David Simoneau ou des documents à l'interne de Northern Trust, le juge Leblond a posé une question très simple.

Le magistrat voulait savoir si Northern Trust était au courant du type de compte vers lesquels transitaient les millions retirés par le PDG déchu et son cousin.

La réponse ? «À l'époque, nous utilisions l'information fournie par le client.»

Il faut savoir qu'une série de témoins ont établi plus tôt lors du procès qu'il y a des procédures à suivre lorsque circule l'argent des investisseurs dans l'industrie des fonds communs.

Quand les épargnants placent leur argent dans des fonds, ils achètent des parts et les dollars passent par un compte en fiducie, pour ensuite transiter vers le gardien de valeurs. Lors d'un retrait de l'investisseur, l'épargne doit reprendre le même chemin, mais en sens inverse.

C'est là que le bât blesse. En effectuant des retraits au nom de ses clients, Norbourg demandait à Northern Trust de verser l'argent dans ses comptes bancaires corporatifs au lieu d'un compte en fiducie. Et le gardien de valeurs a traité les demandes jusqu'aux perquisitions du 25 août 2005 chez Norbourg.

Au printemps, le juge Leblond avait posé des questions à saveur similaire, demandant au juricomptable François Filion pourquoi Northern Trust ne semblait pas avoir réagi devant un flux continu de retraits et de fonds communs presque vides ou parfois à découvert.

Chose certaine, le témoignage de Veda Nancoo aura plusieurs utilités pour la poursuite de l'AMF. Il permettra d'authentifier les documents déposés afin de prouver que 115 M$ de retraits irréguliers ont été faits dans les fonds gérés par Norbourg.

Aussi, Mme Nancoo devrait établir quels documents attribués à Northern Trust sont des faux. Rappelons que l'AMF accuse Vincent Lacroix d'avoir produit de faux documents afin de simuler des revenus de gestion privée, prétendant avoir confié des valeurs à Northern Trust au nom de richissimes individus.

Enfin, rappelons que Northern Trust fait partie d'un groupe de personnes et d'entités déjà visées par un recours de l'AMF en Cour supérieure. Le chien de garde québécois des valeurs mobilières s'en prend à Northern Trust «pour sa négligence, son laxisme et l'aveuglement volontaire dont elle a fait preuve» dans l'affaire Norbourg.

Elle réclame entre autres 115 M$ à Vincent Lacroix, Serge Beugré, Félicien Souka, David Simoneau, Jean Cholette, Placement Norbourg inc., Northern Trust et la Société de Fiducie Concentra.