Les experts financiers ont parfois raison, parfois tort. Chaque mercredi depuis novembre, nous avons décortiqué à l'aide de leurs analyses un titre boursier d'une société québécoise inscrite à la Bourse de Toronto. Acheter, vendre, attendre. Huit mois plus tard, qui a dit vrai ? Voyons voir.

Les experts financiers ont parfois raison, parfois tort. Chaque mercredi depuis novembre, nous avons décortiqué à l'aide de leurs analyses un titre boursier d'une société québécoise inscrite à la Bourse de Toronto. Acheter, vendre, attendre. Huit mois plus tard, qui a dit vrai ? Voyons voir.

Fin octobre 2006. Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] vient de décrocher un important contrat en France pour la construction de wagons de trains.

Au même moment, la multinationale des transports annonce le licenciement de centaines de travailleurs dans ses usines d'assemblage d'avions au Québec. À ce moment, le titre de Bombardier vaut 3,91 $.

Devant de telles nouvelles, les marchés vacillent sur Bombardier. L'analyste Jacques Kavafian de la firme Research Capital n'hésite pourtant pas à recommander l'achat de l'action. Selon lui, le titre de Bombardier vaudra 4,50 $ en octobre 2007. Il n'a pas eu tort. Mardi, l'action de Bombardier a terminé la journée à 6,80 $.

Le 7 novembre, le titre d'Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] est sous la loupe. Le gestionnaire Luc Grenier de l'Industrielle-Alliance avance que la société québécoise est maintenant vulnérable à une prise de contrôle de la part de géants mondiaux des métaux. «Sa gestion serrée et son efficacité rendent cette entreprise très attrayante», indique-t-il au Soleil.

Dans son analyse, le gestionnaire parle même d'un mariage de raison avec Alcoa. Bingo ! Quelques mois plus tard, Alcan faisait l'objet d'une offre d'achat hostile de la part de sa rivale Alcoa [[|ticker sym='AA'|]]. M. Grenier avance que d'ici la fin novembre 2007, le cours de l'action du géant de l'aluminium atteindra la barre des 65 $. Mardi, le titre d'Alcan a terminé la journée à 89,33 $.

Mi-novembre. L'ouverture récente de trois supermarchés d'alimentation Wal-Mart en Ontario fait craindre une guerre coûteuse de parts de marché. L'épicier québécois Metro, qui possède en sol ontarien 236 supermarchés de la chaîne A&P semble toutefois bien disposer à affronter l'ennemi.

Si le géant ontarien Loblaw [[|ticker sym='T.L'|]] (Provigo, Maxi) en arrache en fermant des magasins et que Sobeys (IGA) occupe dans bien des endroits la troisième place, on ne peut en dire autant de Metro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]] dont les perspectives de croissance sont revues à la hausse. «En ce moment, tout joue pour Metro», signalait Christian Cyr de Natcan. Le titre de Metro vaut alors 36,25 $.

L'analyste Keith Howlet de chez Valeurs Desjardins (VMD) persiste et signe: Metro fera mieux au cours de la prochaine année que Loblaw et Sobeys, Il fixe donc son prix cible à 39 $. Mardi, le titre de Metro a terminé la journée à 37,51 $.

Couche-Tard en baisse

Début décembre, c'est au tour du titre de Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]] de faire l'objet d'une analyse. L'action du géant des dépanneurs vaut alors 25,60 $. À ce prix, la plupart des analystes qui suivent cette société sont convaincus qu'il y a encore place à l'amélioration. La cible ? Un gros 29 $ d'ici décembre 2008.

Or, parmi les sceptiques, Jean Duguay de chez Placements Eterna lève la main. Assez pour acheter monsieur ? Pas en ce moment, affirme-t-il. Le gestionnaire estime le prix de l'action de Couche-Tard un peu trop élevé. «À ce prix, ce n'est pas une aubaine», observe-t-il. Et si le titre descendait à 22 $? Il serait aussitôt preneur.

Il faut dire que le titre de Couche-Tard se négociait à cette date à un multiple de 21 fois les bénéfices comparativement à des ratios de 17 fois pour Casey's General Stores et de 13 fois pour The Pantry, deux compétiteurs américains.

Et que s'est-il passé depuis ? Après avoir atteint un sommet à 27 $ à la mi-janvier, le titre de Couche-Tard n'a cessé de se replier. Mardi, il a terminé la journée à 22,97 $.

Mi-décembre, les banques sont à l'honneur. Plusieurs analystes n'hésitent d'ailleurs pas à les qualifier de véritables machines à imprimer de l'argent. Tous les analystes contactés par Le Soleil demeurent cependant unanimes : les titres boursiers des grandes banques sont incontournables.

L'analyste Michael Goldberg chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD) recommande alors d'acheter le titre de la banque TD qui vaut 67,85 $. D'ici le 12 décembre 2007, avance-t-il, le prix de cette action vaudra 76,50 $. Hier, le titre de la TD progressait toujours. Il a atteint les 73,25 $ à la Bourse de Toronto.

Les analystes n'ont pas toujours raison

Des experts qui se trompent, il y en a. Parlez-en au professeur de leadership de l'École commerciale de l'Université Berkeley en Californie, Philip Tetlock.

Dans un ouvrage publié l'an dernier, ce dernier a recensé 80 000 prévisions faites par 284 experts américains sur 20 ans. Résultat : un taux de réussite d'environ 50 %.

Le professeur soutient qu'un expert dont on demande de prévoir l'avenir a autant de chances de viser juste qu'un singe en a de toucher une cible avec des fléchettes.

Il ajoute que n'importe quel observateur bien informé risque autant de prédire une situation avec succès que ceux qui sont payés pour le faire.

Pour éviter le piège de la prédiction sans lendemain, le chercheur croit que les experts payés pour affirmer des choses devraient avoir la possibilité de revenir sur leurs erreurs et d'en tirer parti.