Le maire de Toronto a tenté mercredi de calmer la «guerre des festivals» déclenchée avec Montréal... tout en répétant qu'il souhaite voir sa ville atteindre le même statut de leader culturel que la métropole québécoise.

Le maire de Toronto a tenté mercredi de calmer la «guerre des festivals» déclenchée avec Montréal... tout en répétant qu'il souhaite voir sa ville atteindre le même statut de leader culturel que la métropole québécoise.

«Ce qu'on essaie de faire, c'est d'apprendre de l'exemple de Montréal et remporter autant de succès», a dit David Miller en conférence de presse, peu avant de prononcer un discours sur l'avenir des grandes villes, lors d'une conférence organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal.

Il y a quelques jours, le maire Miller a déclenché une mini-tempête en affirmant que Toronto ravira à Montréal le titre de capitale canadienne des festivals d'ici 5 à 10 ans.

Le politicien a voulu tempérer ses déclarations. «Les gens de Montréal sont fiers de leur ville, leur tradition de festivals est énorme. Tout ce que je voulais dire avec mes commentaires, c'est que j'espère que Toronto puisse atteindre le même genre de position que Montréal, car Montréal est un leader dans ce domaine.»

La scène torontoise des festivals est sur une vraie lancée depuis quelque temps. LuminaTo, un imposant événement de 10 jours consacré à toutes les formes d'art, vient de conclure sa première présentation.

Le Festival Juste pour rire lancera cet été un nouveau volet torontois. Et des festivals déjà établis, comme celui du film, remportent un succès sans cesse grandissant.

David Miller a répété que Toronto ne souhaitait pas «éclipser» Montréal de la scène des festivals.

«Je vois Montréal et Toronto comme complémentaires, a-t-il dit. Ce n'est pas comme au hockey, où une des deux équipes doit gagner. Dans le secteur culturel, les deux villes peuvent gagner.»

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a lui aussi tenté de dénouer la crise déclenchée par les propos récents de David Miller. Il a prononcé une brève allocution juste après son homologue torontois.

«Il est important d'avoir une saine compétition. Il ne faut pas penser que parce qu'une autre ville prend nos idées, on arrête. Au contraire, on va toujours avoir de meilleures idées», a déclaré le maire Tremblay avant d'être applaudi par la foule.

«Il ne faut pas avoir peur de la compétition: je n'ai pas peur de David Miller et il n'a pas peur de moi. Il faut prendre nos succès et les partager», a-t-il poursuivi.

Selon Isabelle Hudon, présidente de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, les organisateurs de festivals montréalais devraient être stimulés par la compétition accrue en provenance de Toronto

«Je n'ai pas vraiment de problème à ce que d'autres villes soient inspirées par nos succès, a-t-elle dit à La Presse Affaires. Ce que ça nous démontre, c'est que c'est un modèle à succès. Et pour garder notre place, il faut travailler fort et on va le faire à Montréal.»

Isabelle Hudon estime qu'il faut «arrêter d'être misérables» et surtout adopter «une attitude de gagnants» pour attirer le succès. Elle reconnaît néanmoins que le secteur québécois des festivals rencontre de sérieux défis de financement (les organisateurs réclament à hauts cris de nouveaux fonds d'Ottawa).

«C'est vrai qu'on a des défis financiers qui sont bien différents de Toronto, a dit Mme Hudon. Ils ont une présence de capitaux que nous n'avons pas. Mais on peut y arriver et trouver d'autres capitaux. Le secteur privé va être de plus en plus au rendez-vous dans le secteur des arts et de la culture quand on va se présenter comme un lieu où c'est gagnant et où le retour sur l'investissement est payant.»

Dans une entrevue récente, Pierre Deschênes, président du Partenariat du Quartier des spectacles, faisait valoir que le futur quartier sera «l'arme secrète» de Montréal contre Toronto dans la saga des festivals.

Fusions, défusion

Outre la question des festivals, le maire David Miller a aussi abordé hier - à reculons - la question des fusions et défusions municipales, «un sujet très délicat.

Il rappelle que Toronto a vécu six années très difficiles après les fusions forcées de 1998. Mais aujourd'hui, le fait de parler au nom de 2,6 millions de citoyens lui permet d'être écouté plus facilement.

«Ça permet à la ville d'être très forte et de faire entendre sa voix pour défendre ses droits», a-t-il dit.

Le maire Miller souligne aussi que la signature du City of Toronto Act, qui octroie des pouvoirs accrus à l'administration municipale, n'aurait jamais été possible sans les fusions. Gérald Tremblay réclame depuis des mois de tels pouvoirs pour boucler le budget de Montréal.

Enfin, David Miller a souligné à La Presse Affaires qu'il appuyait à 100% la création d'une Bourse des produits dérivés à Toronto en 2009. Celle-ci entrera directement en compétition avec la Bourse de Montréal, au terme d'une entente de non-concurrence de 10 ans. «Le TSX doit être fort, il est en compétition avec plusieurs pays», a-t-il dit.