Le cigarettier britannique Imperial Tobacco a proposé 11,5 milliards d'euros (17,8 G$ CAN) jeudi pour racheter le franco-espagnol Altadis, fabricant des Gauloises et numéro un mondial du cigare.

Le cigarettier britannique Imperial Tobacco a proposé 11,5 milliards d'euros (17,8 G$ CAN) jeudi pour racheter le franco-espagnol Altadis, fabricant des Gauloises et numéro un mondial du cigare.

Cela illustre la fièvre de consolidation du secteur après le mariage entre Japan Tobacco et Gallaher.

Alors que la rumeur de leur alliance courait depuis plus de deux ans, Altadis, né de l'union en 1999 de l'espagnol Tabacalera et du français Seita, a annoncé jeudi l'approche d'Imperial à 45 euros (69,80 $ CAN) par action. Imperial Tobacco a confirmé peu après, ajoutant que les discussions en étaient «à un stade très précoce».

Le conseil d'administration d'Altadis se prononcera dans les prochains jours sur l'offre d'achat.

Un porte-parole du groupe britannique a vanté jeudi la logique d'un rapprochement : «Nous sommes le quatrième fabricant de tabac dans le monde, Altadis le cinquième, les deux groupes s'allieraient très bien stratégiquement, cela renforcerait notre portefeuille de marques et de produits, nos opportunités de croissance et accroîtrait notre diversité géographique».

Imperial Tobacco (JPS, Peter Stuyvesant, cigarettes Davidoff) a mis le pied aux États-Unis pour la première fois le mois dernier avec le rachat du numéro quatre américain, Commonwealth Brands, pour 1,9 G$ US.

Ses principaux marchés sont le Royaume-Uni, l'Irlande et l'Allemagne. Ceux d'Altadis sont plutôt la France, l'Allemagne et l'Espagne, une complémentarité qui devrait satisfaire les autorités européennes de la concurrence, selon les analystes.

Altadis, outre les cigarettes Gauloises ou Fortuna, est le numéro un mondial du cigare, avec des marques prestigieuses comme Cohiba, Montecristo, Partagas ou Romeo y Julieta.

La nouvelle arrive trois mois jour pour jour après le lancement de l'offre amicale à 14,5 milliards d'euros (22,5 G$ CAN) du numéro trois mondial, Japan Tobacco (Camel, Winston), sur le numéro six mondial, le britannique Gallaher (Benson and Hedge, Silk Cut).

Ces rapprochements illustrent la volonté de consolidation d'un secteur de plus en plus menacé par les législations sanitaires des différents pays, et qui a besoin d'économies d'échelle toujours plus importantes pour prospérer.

La décision prise par Imperial Tobacco risque de déclencher des réactions en chaîne, selon les analystes. «D'autres groupes ont Altadis à l'oeil et il est possible que cela accélère le lancement d'une contre-offre», constatait ainsi l'analyste d'une banque d'affaires à Madrid.

Les deux géants mondiaux, l'américain Altria, ex-Philip Morris (Marlboro), qui serait intéressé par Imperial, et le britannique British American Tobacco (Dunhill, Lucky Strike, Pall Mall), qui préférerait plutôt Altadis, vont peut-être devoir sortir du bois.

Le patron de BAT avait indiqué la semaine dernière encore qu'il jugeait les actifs disponibles du secteur trop chers actuellement. «Mais maintenant ils vont devoir repenser leur position», estimait Eric Bloomquist, de la banque JP Morgan. De même, si Altria veut Imperial Tobacco, «il va falloir qu'ils se lancent avant qu'il y ait un accord avec Altadis», remarquait-il.

Le fonds d'investissement américain KKR est aussi donné comme candidat au rachat d'Altadis.

Par ailleurs, le secteur aérien pourrait jeter un oeil intéressé sur cette affaire : Logista, la filiale logistique (à 57,2%) d'Altadis, possède une participation de 6,7% dans la compagnie espagnole Iberia, qui sera peut-être à vendre en cas de rachat d'Altadis.