Pour Olymel, les conséquences de la fermeture de l'abattoir de Vallée-Jonction pourraient être désastreuses.

Pour Olymel, les conséquences de la fermeture de l'abattoir de Vallée-Jonction pourraient être désastreuses.

De lucratifs contrats, provenant d'entreprises japonaises, risquent de s'envoler en fumée si Olymel ne réussit pas à convaincre ses clients d'acheter la production qui serait transférée à Red Deer.

C'est que l'usine de Vallée-Jonction était une des trois seules au Canada à produire le «chill pork», du porc frais réfrigéré à très basse température, sans congélation, et qui peut se conserver près de 50 jours.

Les deux autres usines qui en produisent sont celle d'Olymel à Red Deer, en Alberta, et celle de Maple Leaf, aussi située dans les Prairies. Mais les Américains en comptent plusieurs.

«C'est payant, le chill», note Lucien Bouchard. Les Japonais en raffolent. Or, ces derniers aiment la fidélité et la stabilité dans leur partenariats d'affaires.

«Pour eux, la relation avec le fournisseur est particulière. Ce n'est pas l'entreprise qui importe, mais plutôt l'usine, explique Paul Beauchamp, vice-président exécutif chez Olymel. C'est une possibilité que les Japonais n'acceptent pas les produits de Red Deer.»

Ainsi, le président-directeur général de l'entreprise, Réjean Nadeau, s'est envolé hier pour le Japon, afin de sauver les meubles. Impossible de chiffrer la valeur de ces ventes, mais une chose est sûre, ce ne serait pas non plus une bonne nouvelle pour les travailleurs de la Beauce, déjà échaudées.

«Un départ des Japonais entraînerait des pertes d'emplois plus rapides à Vallée-Jonction, souligne M. Beauchamp. Il y aurait des mises à pied prématurées par rapport à la date de fermeture.»

L'abattoir d'Olymel à Vallée-Jonction fermera officiellement le 25 mai. Tel qu'annoncé mardi, les avis de licenciements des 1100 employés de l'usine porcine ont été envoyés - et reçus - au ministère de l'Emploi. Les employés devraient continuer à travailler d'ici là.

Du côté du négociateur engagé par Olymel, Lucien Bouchard, les espoirs semblent très minces de renverser le processus.

«On est en mode fermeture. Je vois mal ce qui pourrait être fait, a-t-il dit en entrevue à La Presse. On avait dit que c'était l'offre finale. On prononce très rarement ce mot-là en négociation. Olymel est une grande entreprise, avec plus de 10 000 employés. L'employeur n'a pas à continuer à accepter de perdre de l'argent comme ça.»

En trois ans, l'entreprise estime avoir perdu autour de 50 millions, seulement avec l'abattoir de Vallée-Jonction.