La télévision à haute définition (HD) n'est pas encore totalement installée au Canada, mais déjà, les grandes multinationales se creusent les méninges pour lui trouver un successeur.

La télévision à haute définition (HD) n'est pas encore totalement installée au Canada, mais déjà, les grandes multinationales se creusent les méninges pour lui trouver un successeur.

C'est qu'ailleurs dans le monde, les ventes de téléviseurs plafonnent, et tout indique qu'une partie de la solution se trouve à Montréal. Car après la HD, la télé sera 3D, pensent les fondateurs de Sensio, une PME de la Cité du multimédia.

Et elle le sera très bientôt, si on se fie au succès que connaît sa technologie 3D auprès des gros noms de l'industrie, de Tokyo à Hollywood à Séoul. «Samsung, LG, Philips et JVC ont tous présenté des prototypes de téléviseurs en trois dimensions depuis le début de l'année», confirme Richard LaBerge, un ancien banquier qui a cofondé Sensio en 2002 et qui admet qu'à l'époque, il fallait avoir de la vision pour croire dans cette technologie.

«Nicholas (Routhier, l'autre cofondateur de Sensio) a vraiment bien lu le marché», résume-t-il. Et comment: il y a cinq ans, la télé HD n'était qu'un bien petit point à l'horizon. Les écrans plats coûtaient énormément cher.

Le cinéma maison était l'affaire d'une minorité aisée et les films en trois dimensions, un vestige des années 50!

Aujourd'hui, à peu près tous les grands studios hollywoodiens filment en 3D en plus de tourner de façon traditionnelle. D'ailleurs, on parle d'un nouvel âge d'or pour le 3D, dans les années à venir.

Sensio, de son côté, est passée du marché plutôt limité des décodeurs 3D pour cinéma maison à la deuxième étape de son développement: elle veut faire installer des puces 3D à même les téléviseurs vendus au grand public. Des partenariats de grande envergure seront annoncés dans les jours à venir.

«On veut faire comme Dolby l'a fait pour l'ambiophonie, explique M. LaBerge. On a créé un intérêt pour le 3D, maintenant il faut créer un standard 3D avec la technologie Sensio.»

Ensuite viendra la vente de licences à des tiers, la troisième et dernière partie du plan d'affaires de Richard LaBerge. Et la plus lucrative, évidemment.

De zéro à 9 millions

On a beau avoir une idée de génie comme l'ont eue MM. LaBerge et Routhier il y a cinq ans, elle ne sert à rien si on ne peut pas la mettre en application.

Pour y parvenir, les fondateurs de Sensio ont dû passer par une éprouvante recherche de financement, pour finalement se tourner vers la Bourse de croissance TSX, à Toronto.

«C'est beaucoup de travail, dit Richard LaBerge, mais ça vaut la peine. Aujourd'hui, quand un investisseur potentiel me demande combien vaut mon entreprise, je n'ai pas à me casser la tête: Sensio vaut présentement 9,5 millions de dollars en Bourse. C'est particulièrement utile quand on doit lever une nouvelle ronde de financement, comme celle qui s'en vient bientôt.»

Sensio n'est pas la première techno montréalaise à prendre cette direction. La Société de capital de démarrage (SCD) de la Bourse de Toronto est devenue la solution de rechange au manque d'investisseurs québécois pour les petites entreprises qui veulent passer de l'étape de R&D à celle, plus importante encore, d'une première mise en marché.

Serge Bourassa, du Centre d'entreprises et d'innovation de Montréal (CEIM), comprend bien cette situation.

«Il y a une étape, au début du processus de commercialisation, qu'on appelle la traversée du désert. Pour une PME, c'est là que le besoin de financement est généralement le plus important et le plus crucial aussi, dit-il. Malheureusement, au Québec, c'est aussi là qu'il fait le plus défaut.»

Pour Sensio, cette traversée tire à sa fin. Sa technologie est en voie d'être reconnue par l'industrie du divertissement et les principaux concurrents ont lentement disparu du portrait. Autrement dit, si la télé en trois dimensions décolle, ce sera avec Sensio, ou pas du tout.

Faudra penser à s'acheter des lunettes bleu et rouge...