L'essor d'Internet risque de compromettre un redressement encore précaire chez l'imprimeur Quebecor World (T.IQW), estiment des analystes après l'annonce du passage en ligne de nouveaux magazines.

L'essor d'Internet risque de compromettre un redressement encore précaire chez l'imprimeur Quebecor World [[|ticker sym='T.IQW'|]], estiment des analystes après l'annonce du passage en ligne de nouveaux magazines.

«Tenez-vous loin des actions de Quebecor World», conseille l'analyste Carl Bayard, de Valeurs Mobilières Desjardins, en réitérant sa recommandation de vente dans une note à ses clients.

«De plus en plus de magazines choisissent de n'être publiés que sur Internet», explique M. Bayard. Faisant valoir que l'âge numérique oblige les éditeurs à réduire leurs coûts et à se consacrer davantage à leurs publications en ligne, il prédit que cette tendance se renforcera au cours des prochaines années.

Mardi, l'éditeur Meredith Corporation a annoncé qu'il imprimerait son magazine Child pour la dernière fois ce printemps, mais qu'il continuerait d'alimenter le site Internet du même nom.

Lundi, c'est le géant Time qui faisait part de sa décision de mettre fin à la version papier de son supplément photo hebdomadaire Life, en indiquant miser désormais sur un portail Internet de millions de photos, accessibles gratuitement.

Time avait aussi cessé l'an dernier la publication Teen People en promettant des investissements dans TeenPeople.com.

Et plus tôt ce mois-ci, Hachette Filipacchi, client important de Quebecor World et un éditeur de revues majeur en Amérique du Nord, a résolu d'interrompre l'impression de la version américaine du magazine cinématographique Premiere, tout en gardant le site Internet correspondant.

Cette compagnie avait fait de même plus tôt cette année avec deux autres revues, Elle Girl et Shock.

Quebecor World s'affiche comme l'imprimeur de toutes les principales publications de Hachette Filipacchi, et détenait le contrat d'impression de Premiere et de Elle Girl.

«Comme Hachette a fermé une publication par trimestre au cours de la dernière année, et comme des titres tels Boating, Cycle et Sound & Vision affichent des revenus publicitaires moindres que la moyenne des magazines fermés l'an dernier, nous soupçonnons que la santé de l'entreprise inquiète son loyal imprimeur, Quebecor World», raisonne M. Bayard.

Selon lui, il est de plus en plus évident que le déclin de l'industrie des magazines n'est pas cyclique mais structurel. Il recense 11 revues importantes qui ont fermé en 2006 aux États-Unis, certaines d'entre elles disparaissant sans qu'une version Internet les remplace.

Un deuxième analyste, qui souhaite garder l'anonymat, croit aussi qu'on doit s'attendre à voir d'autres magazines cesser d'exister cette année. «Les revenus publicitaires de l'industrie baissent depuis sept ans et il en ferme chaque année», fait-il valoir.

Pour cet expert, la montée d'Internet fait partie d'une série de problèmes de fond pour Quebecor World, dont une surcapacité dans son industrie, une concurrence féroce et l'érosion des prix.

L'impression de revues a compté pour un peu plus du quart du chiffre d'affaires de l'entreprise en 2006. Au dernier trimestre, sa division de magazines a affiché une baisse de revenus de 7 %, attribuée à la restructuration en cours et à une réduction de la taille des cahiers d'éditeurs majeurs.

«On fait encore de très bonnes affaires dans ce secteur, assure le porte-parole, Tony Ross. Des magazines ferment, mais d'autres démarrent, alors on essaie de remplacer les commandes. Quand on est partenaire d'un gros éditeur et qu'il élimine des revues, il peut nous donner d'autres contrats.»

Quebecor World a entrepris une importante modernisation de ses équipements pour surmonter ses difficultés, et vient d'accélérer cette opération. En moyenne, les 13 analystes qui suivent le titre recommandent de le conserver.