Mélanie Paquette avait deux choses à fêter, hier. D'abord ses 29 ans. Puis cette annonce de son employeur, Bombardier, qui s'est lancé dans la construction d'un nouvel avion de 100 places.

Mélanie Paquette avait deux choses à fêter, hier. D'abord ses 29 ans. Puis cette annonce de son employeur, Bombardier, qui s'est lancé dans la construction d'un nouvel avion de 100 places.

«Quelle belle nouvelle pour ma fête!» a-t-elle lancé avant de filer... au resto, pour célébrer les deux événements.

Mme Paquette n'était pas la seule à sourire, lundi, à l'usine de Bombardier de Mirabel où sera construit le nouveau CRJ1000. Et à ceux qui pouvaient se demander pourquoi, Dave Chartrand, le président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (FTQ), avait une explication bien simple à fournir.

«C'est pas mal plus facile d'avoir un sourire accroché dans la face quand tu sais que tu vas pouvoir faire tes paiements», constate, pragmatique, celui qui a vu les travailleurs syndiqués de Mirabel, Dorval et Saint-Laurent passer de 8500 à 5400 depuis les événements du 11 septembre 2001 qui ont secoué l'industrie aéronautique.

Le ciel, d'ailleurs, semblait bien sombre en octobre. Bombardier venait d'annoncer une importante réduction de cadence pour la production de biréacteurs régionaux, entraînant 1130 mises à pied dont 485 dans la région de Montréal. Depuis, affirme le président syndical, tout le monde attendait le prochain coup d'épée.

Mme Paquette, qui travaille depuis six ans à la division électrique, voyait par exemple des postes comme le sien prendre le chemin du Mexique.

«Je ne savais plus trop ce qui se passait», avoue-t-elle. Mais les choses sont finalement reparties vers le haut. Il y a d'abord la commande, il y a deux semaines, de 30 biréacteurs CRJ900 par Delta Air Lines.

Avec l'annonce d'hier (lundi), les employés se prennent non seulement à espérer que la cadence se maintienne, mais même à penser voir d'anciens employés rappelés pour pousser la roue.

«On était dans le plus bas qu'on pouvait aller. Là, j'ai l'impression qu'on repart vers le haut», s'est réjoui Dave Lambert, qui travaille à l'usine de Mirabel depuis cinq ans.

«Tout le monde est très, très, très heureux. C'est comme un poids énorme qui vient de s'enlever de leurs épaules», a renchérit M. Chartrand. du syndicat.

À un jet de pierre de là, le maire de Mirabel, Hubert Meilleur, était aussi de fort joyeuse humeur. Pas surprenant : Bombardier, en plus d'être un des plus importants employeurs de la ville, y verse 1,3 million de dollars en revenus fiscaux chaque année.

«Bombardier, c'est un fleuron québécois, tranche le maire. Et avec Bell Helicopter, ça a été la bougie d'allumage qui a amené l'industrie aéronautique à Mirabel.»

Son prochain rêve: voir enfin les avions de la fameuse CSeries sortir des usines de sa ville.