L'ajustement auquel sont contraintes les entreprises, pour faire face à une monnaie plus forte, à la nouvelle concurrence asiatique et à la flambée des prix de l'énergie et des matériaux de base, ralentit leurs gains de productivité.

L'ajustement auquel sont contraintes les entreprises, pour faire face à une monnaie plus forte, à la nouvelle concurrence asiatique et à la flambée des prix de l'énergie et des matériaux de base, ralentit leurs gains de productivité.

" Les mouvements observés dans la tendance de la productivité donnent à penser que l'ajustement requis est en cours et que son influence sur la progression de cette dernière pourrait être plus prononcée et plus durable qu'on ne l'avait d'abord escompté ", reconnaît désormais la Banque du Canada dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM).

La productivité correspond au travail nécessaire pour produire une quantité déterminée de biens. Moins il en faut et plus grande est la productivité. Plus la productivité est élevée et meilleur est le niveau de vie, de manière générale.

Jusqu'ici, la Banque croyait plutôt que la poussée des investissements en machinerie et équipement avait permis aux entreprises soit de retrouver leur compétitivité, soit de s'adapter à la nouvelle donne du marché. Manifestement, ce n'est pas encore le cas, comme en font foi les difficultés persistantes des exportateurs.

Voilà pourquoi la Banque estime désormais à 1,50 % plutôt qu'à 1,75 % le taux d'accroissement tendanciel de la productivité, chaque année. Comme la cohorte des travailleurs grossit au rythme annuel de 1,25 %, le potentiel de croissance de l'économie canadienne s'établit à 2,8 % plutôt qu'à 3 %, comme la Banque l'estimait depuis un an.

Aux États-Unis, la Réserve fédérale (Fed) a ramené de 3,25 % à 3 % le potentiel de l'économie, en raison là aussi d'une productivité plus faible qu'anticipé.

Les gains de productivité du travail restent très difficiles à mesurer et à projeter à l'échelle d'une économie. Pour arriver à les circonscrire le mieux possible, la Banque du Canada s'appuie sur bon nombre de données.

Celles de son Enquête trimestrielle sur les perspectives des entreprises font ressortir depuis plusieurs trimestres que bon nombre d'entre elles signalent des difficultés à faire face à une poussée de la demande. Bref, elles fonctionnent déjà aux limites de leurs capacités.

Cela est corroboré par la mesure très élevée du taux d'utilisation de la capacité industrielle faite par Statistique Canada.

La Banque s'appuie aussi sur les données passées de la productivité. Or, constate-t-elle, les chiffres montrent que son hypothèse antérieure " paraît désormais surestimée ".

Enfin, les gains salariaux de la dernière année font ressortir que le marché du travail reste très tendu.

Ces derniers ont cependant leurs mérites puisqu'ils stimulent la consommation, qui restera pour les deux prochaines années le moteur de la croissance.

Cette année, l'économie devrait avoir progressé de 2,8 %, en dépit d'une expansion de 2 % au deuxième trimestre qui devrait s'être répétée durant l'été. De ces 2,8 %, la consommation en apporte à elle seule 2,2 %.

La construction, les gouvernements et les investissements des entreprises mettent aussi l'épaule à la roue, mais les exportations nettes neutraliseront le gros de leur contribution.

Le même scénario devrait se répéter grosso modo l'an prochain, à deux nuances près: la consommation sera moins forte et la construction ralentira pour donner une expansion d'à peine 2,5 %.

La Banque fait l'hypothèse que l'économie américaine devrait progresser de 2,6 % l'an prochain, se ralliant ainsi au consensus des économistes des États-Unis. Elle s'inquiète cependant que les risques d'un tel scénario soient nettement à la baisse, ce qui aurait pour effet de frapper davantage les exportateurs.

Du côté de l'inflation, les risques paraissent élevés à court terme seulement; cela justifie les autorités monétaires de garder leur taux directeur à son niveau présent de 4,25 % pour les mois à venir.

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