Stan O'Neal, 56 ans, qui quitte mardi son poste de PDG de la banque d'affaires Merrill Lynch, est le seul Noir-Américain à occuper une si haute fonction à Wall Street, et est réputé pour avoir tiré Merrill Lynch (MER) à ses sommets via une gestion autoritaire du pouvoir.

Stan O'Neal, 56 ans, qui quitte mardi son poste de PDG de la banque d'affaires Merrill Lynch, est le seul Noir-Américain à occuper une si haute fonction à Wall Street, et est réputé pour avoir tiré Merrill Lynch [[|ticker sym='MER'|]] à ses sommets via une gestion autoritaire du pouvoir.

Il a passé plus de 20 ans chez Merrill, gravissant l'organigramme pour en prendre la plus haute direction fin 2002.

Sous sa direction, la firme au logo du taureau a réalisé certaines des performances financières les plus remarquables de son histoire, jugent plusieurs observateurs, grâce à son obsession pour le succès de la grande banque rivale Goldman Sachs.

M. O'Neal, comme bon nombre de patrons des plus grands groupes de la finance américaine, a une histoire faite des qualités d'exception d'un homme de tête... mais aussi de ses défauts.

Fils d'un petit planteur de coton et d'une femme de ménage de Wedowee, un village de 800 habitants dans l'Alabama, O'Neal a fait ses classes dans la prestigieuse école de Harvard et est passé, avant Merrill, par la division financière du plus gros constructeur automobile américain, General Motors.

Il a été débauché par Merrill Lynch en 1986, et en deviendra le directeur financier en 1998.

Son parcours est une «success story» incarnant le rêve américain: jeune homme, il prend des cours de diction pour se débarrasser de son accent traînant du Sud, pour bâtir, année après année, une ascension implacable.

Mais la personnalité de Stan O'Neal met une ombre au tableau. Il est décrit par ceux qui l'ont côtoyé comme solitaire, cassant, voire tyrannique, écoutant peu les conseils et terrorisant ses subordonnés, surtout les jours de résultats de Goldman Sachs, meilleurs que ceux de Merrill Lynch.

Supportant mal la contradiction, il a limogé brutalement des seniors de l'entreprise à plusieurs reprises.

Notamment, M. O'Neal a débarqué deux hauts responsables six mois seulement après sa nomination comme PDG, dont le numéro deux d'alors, Thomas Patrick, qui avait aidé M. O'Neal a prendre le pouvoir.

Un pouvoir qu'il a du mal à partager: jusqu'en mai dernier, il cumulait les trois plus hautes fonctions, entre président exécutif, directeur général et président du Conseil d'administration.

Ce tempérament autoritaire expliquerait pourquoi le conseil d'administration de Merrill Lynch, pourtant composé en majorité de personnes choisies au départ par M. O'Neal, a décidé de s'en débarrasser.

M. O'Neal, obsédé par les succès de Goldman Sachs, est celui qui a changé radicalement la culture d'entreprise bon enfant de Merrill - surnommée alors «la Mère Merrill» sur Wall Street -, qui préférait avant ce PDG réaliser de moindres profits mais garder ses salariés les plus fidèles, une exception dans un secteur marqué par de forts mouvements de personnels.

L'émulation féroce entre Goldman Sachs et Merrill Lynch a très largement profité à cette dernière, à coups de pressions sur les collaborateurs.

Sous sa férule, la banque a su gérer des crises majeures comme la crise asiatique, ou le bouleversement des marchés financiers juste après les attentats du 11 septembre 2001.

Merrill Lynch a en moyenne dégagé 5,2 milliards de profits annuels entre 2003 et 2006, contre 2,1 milliards au cours des cinq années précédentes, grâce à un dévolu jeté sur les produits à risques et à fort rendement, voulu par M. O'Neal.

En 2006, ce dernier a piloté une opération qui a fait gagner le groupe en importance, en prenant près de 50% du fonds d'investissements BlackRock et en fusionnant ce dernier avec l'activité de courtage de Merrill.

La nouvelle entité, avec à sa création plus de 1000 milliards $ d'actifs sous gestion, figure parmi les dix premiers gestionnaires d'actifs dans le monde.