Les cours du pétrole ont atteint vendredi de nouveaux records à New York et à Londres, poussés par les tensions géopolitiques, le déclin des stocks américains et la faiblesse du dollar.

Les cours du pétrole ont atteint vendredi de nouveaux records à New York et à Londres, poussés par les tensions géopolitiques, le déclin des stocks américains et la faiblesse du dollar.

En un mois, les prix du pétrole ont pris plus de 10 $ US aussi bien à Londres qu'à New York. Sur un an, l'escalade est vertigineuse: le pétrole a pris environ 30 $ US, soit une hausse de 50% environ.

À New York, le baril de pétrole brut est monté jusqu'à 92,22 $ US, dépassant largement sa précédente marque de référence de 90,60 $ US, qui datait de jeudi.

Il a aussi réalisé un record de clôture, en terminant à 91,86 $ US, en hausse de 1,40 $ US.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a aussi établi un plus haut, franchissant pour la première fois en séance le seuil symbolique des 89 $ US, à 89,30 $ US. Il a également clôturé sur un nouveau record à 88,69 $ US, soit un gain de 1,21 $ US par rapport à jeudi.

«La combinaison de facteurs fondamentaux très solides et d'une dégradation de l'environnement géopolitiques a été le socle d'une violente poussée des prix», ont expliqué les analystes de la banque Barclays Capital.

En toile de fond, le marché s'inquiète en effet de la décrue des stocks européens et américains de pétrole.

Le rapport du département américain de l'Energie (DoE) a conforté cette vision mercredi: les stocks de brut américains ont reculé de 5,3 millions de barils la semaine dernière. Ces réserves sont de 5,9% inférieures à leur niveau de l'année dernière. Quant aux réserves de produits distillés, elles sont en baisse de 7,6% sur un an.

Dans ce contexte où chaque baril compte, les tensions géopolitiques se sont aggravées.

Depuis que son principe a été approuvé par le Parlement la semaine dernière, le marché craint une intervention militaire de la Turquie de l'autre côté de la frontière, pour déloger de leurs bases les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Les affrontements armés n'ont pour l'heure pas affecté le transit du pétrole irakien via la Turquie, rapportent les analystes du secteur. Mais cette région pourrait être encore plus déséquilibrée par une initiative militaire turque.

Parallèlement, les tensions sont vives entre l'Iran et les États-Unis. Washington a imposé jeudi de nouvelles sanctions contre trois banques iraniennes, mais aussi contre le corps des Gardiens de la révolution. L'armée idéologique du régime est accusée de contribuer à la prolifération d'armes de destruction massive, et leur unité Al-Quds, de soutenir le terrorisme.

Enfin, le Nigéria, premier producteur africain de brut, est le théâtre d'une recrudescence de violence. Sept étrangers et un nigérian ont été kidnappés dans la nuit de jeudi à vendredi lors de l'attaque d'une installation pétrolière offshore de la compagnie italienne Agip.

Dernier facteur haussier, la baisse continue du dollar s'est accélérée au cours des dernières semaines. Vendredi sa valeur n'avait jamais été aussi basse face à l'euro, à 1,4393 dollar pour un euro. Comme le prix du baril est libellé en dollars, il revient moins cher aux investisseurs hors zone dollar, ce qui stimule la demande d'or noir.

À l'approche du seuil des 100 $ US, certains responsables économiques s'inquiètent des répercussions de la flambée des cours.

«Les prix très élevés du carburant pourraient à partir d'un certain moment ralentir l'économie mondiale, si elle n'est pas déjà ralentie par les problèmes de crédit et la volatilité des marchés», a estimé Chew Choon Seng, directeur général de la compagnie aérienne Singapour Airlines.