Le président et chef de la direction sortant du Régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers), Claude Lamoureux, s'inquiète du fardeau qu'auront à supporter les jeunes travailleurs à cause de l'augmentation fulgurante du nombre de pensionnés.

Le président et chef de la direction sortant du Régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers), Claude Lamoureux, s'inquiète du fardeau qu'auront à supporter les jeunes travailleurs à cause de l'augmentation fulgurante du nombre de pensionnés.

À ses yeux, ce sera le principal défi que devra relever son successeur désigné, Jim Leech, qui prendra la relève du troisième plus important investisseur institutionnel du Canada le 1er décembre.

«Quand vous avez moins de personnes actives qui supportent une population retraitée en croissance, qui assume le risque? Dans plusieurs régimes, ce sont les jeunes.

C'est quelque chose sur quoi la société doit se pencher», a déclaré M. Lamoureux mercredi, lors d'un point de presse tenu en marge d'un discours prononcé devant l'Association des MBA du Québec.

«Si ces gens (les retraités) ne prennent pas leur part du risque et que c'est seulement le groupe qui rapetisse qui le fait, je ne crois pas que c'est nécessairement juste et équitable, a-t-il estimé. Les marchés sont toujours volatiles et maintenir les contributions dans une fourchette étroite est impossible.»

Le patron de Teachers a évoqué la situation aux Pays-Bas, où l'on a lié certaines prestations à la capitalisation des régimes de retraite, ce qui permet de répartir le risque entre les retraités et les travailleurs.

Dans le but de s'assurer qu'il pourrait verser les prestations promises aux enseignants, Teachers a réduit son exposition au risque à la fin des années 1990, en ramenant graduellement de 75 à 45 % ses placements en actions. Le régime s'est davantage investi dans les placements sensibles à l'inflation comme l'immobilier et l'infrastructure.

Teachers a aussi dû augmenter, pour la première fois depuis 1990, le taux de cotisation des syndiqués, qui passera à 11 % en 2009, contre 8 % l'année dernière.

Malgré tout, «nous ne sommes pas sûrs que cette politique nous permettra d'obtenir les rendements nécessaires pour provisionner les prestations futures, a affirmé M. Lamoureux. Il nous faut trouver d'autres façons de créer de la valeur.»

Or, les possibilités de rendement «rétrécissent», une situation qui «accroît les risques pour les générations futures» si la performance devait ne pas être au rendez-vous.

Par conséquent, les contrats sur produits dérivés forment maintenant «la base de nos stratégies de placement», a indiqué Claude Lamoureux.

«L'actuelle crise liée au papier commercial adossé à des actifs et au marché américain des prêts à risque nous donne une bonne leçon, pas trop coûteuse espérons-le», a-t-il glissé.

La précarité des régimes de retraite touche aussi Bell Canada, que Teachers s'apprête à acquérir. Mercredi, M. Lamoureux n'a pas fait d'effort particulier pour rassurer les retraités de Bell, qui s'inquiètent de l'avenir de leurs prestations.

«On n'est pas (encore) en charge de Bell, on verra à ce moment-là», a-t-il lancé, avant d'ajouter que toute entreprise avait intérêt à bien traiter ses employés et ses retraités.

Il a toutefois fait remarquer qu'en bout de piste, ce sont les marchés qui décideront des modifications à apporter aux régimes de retraite.

«Si vous regardez une compagnie comme GM aujourd'hui, c'est une compagnie d'assurances et de rentes à laquelle est attachée une petite organisation qui manufacture des autos», a-t-il ironisé.

Teachers s'est fixé un objectif de rendement avec Bell Canada, mais Claude Lamoureux a refusé de le divulguer, mercredi. Pour ce qui est de la réorganisation de l'entreprise, le régime de retraite se fiera d'abord et avant tout aux conseils de Providence et de Madison Dearborn, ses partenaires américains dans l'aventure.

Quant à son propre avenir, M. Lamoureux promet de ne pas «se tourner les pouces» chez lui.

Il compte siéger à des conseils d'administration, mais ne ferme pas la porte à des postes de direction. Une chose est sûre: il a été abondamment sollicité.

Et le natif du Cap-de-la-Madeleine restera à Toronto, tout en continuant à passer ses fins de semaine à son chalet des Cantons-de-l'Est.