Des firmes de recherche ont affirmé que les Québécois et les Canadiens allaient visiter davantage leur pays que l'étranger, cet été, malgré les sommets du huard. Des analystes ont répliqué que les Canadiens allaient plutôt en profiter pour voyager aux États-Unis et en Europe.

Des firmes de recherche ont affirmé que les Québécois et les Canadiens allaient visiter davantage leur pays que l'étranger, cet été, malgré les sommets du huard. Des analystes ont répliqué que les Canadiens allaient plutôt en profiter pour voyager aux États-Unis et en Europe.

Aujourd'hui, les spécialistes du tourisme en régions commencent à y voir un peu plus clair: les obstacles à franchir sont nombreux.

En fait, les Canadiens et les Québécois prennent davantage de vacances, mais pour à la fois aller à l'extérieur et visiter leur pays. Quant aux touristes, ils se décident plus tard et leur provenance change, vu la concurrence.

«Les Québécois iront davantage en vacances aux États-Unis, mais aussi au Québec. Au total, un nombre 10 % supérieur de Québécois disent prendre des vacances cet été», souligne à La Presse Affaires le directeur général de l'Office du tourisme de Québec, Pierre Labrie.

Des données

Plus de Canadiens prennent des vacances, dit aussi le Conference Board. Et 90 % des Canadiens visitent leur province durant leurs vacances, ajoute la dernière étude de Statistique Canada.

À Québec, Pierre Labrie voit «plus de Canadiens, de Québécois et d'Européens en vacances, mais un peu moins d'Américains».

Michel Archambault, directeur de la chaire de tourisme de l'ESG-UQAM, avait anticipé plus de sorties des Canadiens et Québécois à l'extérieur, dont aux États-Unis.

Il estime que ça se confirme, à cause du prix de l'essence, de la vigueur du huard et des conditions climatiques incertaines. Par contre, «le retour du soleil permettrait à l'industrie touristique du Québec de sauver les meubles».

Les Québécois surveillent la météo jusqu'avant de partir en régions, s'ils n'ont pas déjà décidé d'aller à l'étranger. Or, «il n'y a jamais eu autant de sièges disponibles pour l'Europe, cet été, chez Air Transat et les transporteurs tchèque et autrichien», note Michel Archambault.

«La saison a débuté plus lentement, faute de soleil, mais on a pris de l'avance depuis le 10 juillet sur nos chiffres de l'an dernier», déclare François Rioux, président du Groupe Rioux et la chaîne Riôtel de la Gaspésie.

«Là, ça roule à plein régime, mais on ne remplit nos trois hôtels que plus tard, souvent qu'en fin de journée ou début de soirée». Rien pour contrer le stress.

«La clientèle comprend beaucoup de Québécois et d'Ontariens, mais un peu moins d'Européens. D'ici la fin d'août, ça irait, mais il faudra surveiller de près l'affluence en septembre», qui comprend d'habitude de nombreux Européens, dit-il.

François Rioux déplore beaucoup d'annulations d'Européens qui viennent de se faire offrir des «forfaits tout inclus de dernière minute pour l'Asie à 600 euros, pour cinq jours».

C'est difficile à battre. Il leur en coûterait 1000 $ à 1200 $ en Gaspésie, plus l'avion, selon le propriétaire du Riôtel.

M" Rioux doit donc absolument compenser les pertes d'Européens par des Québécois et d'autres Canadiens.

Les réservations ne viennent plus cependant que de 30 % de la clientèle.

«Il faut gérer jusqu'à la dernière minute. La dynamique change énormément», dit François Rioux.

La Gaspésie rêvée

Par contre, «bien des gens encore découvrent la Gaspésie rêvée et la chaîne Riôtel, en date du 10 juillet, avait déjà vendu autant de ses forfaits que durant toute la saison estivale 2006».

Les collègues du Nouveau-Brunswick ont les mêmes défis à relever avec les Européens et les Américains, dit François Rioux.

Au Gîte du Mont-Albert, la saison commence «un peu plus forte qu'en 2006, malgré un peu moins d'Américains, mais grâce aux Européens et aux Québécois», déclare le directeur général, David Dubreuil.

Le directeur du parc Forillon, Stéphane Marchand, «touche du bois. L'affluence est similaire à 2006 malgré le début de saison froid. Les campings sont pleins depuis la mi-juillet».

Dès la mi-août cependant, le directeur prévoit une baisse de la clientèle totale, mais la part des Européens devrait augmenter.

Le Genèvrier, de Baie-Saint-Paul, affiche complet pour ses 430 sites de camping et ses 35 chalets, après un début de juillet un peu lent pour les campeurs avec une tente, déclare Bruno l'Abbé, aussi président de Tourisme Charlevoix.

«Les demandes d'informations augmentent de 8 % à 9 %, ça commence plutôt bien», confirme le directeur général de Tourisme Charlevoix, Alyre Jomphe.

«On voit de nombreuses plaques du Vermont, du Massachusetts, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick».

Le directeur de Tourisme Québec se dit «en avance sur ses chiffres de 2006», une saison qui a pourtant été difficile, faute d'une base aussi solide que cette année en congrès et événements, explique Pierre Labrie.

Mais il est encore trop tôt pour crier victoire, conclut-il.