En moins de 20 ans, le Canada est passé d'une terre sans diamants au troisième rang mondial des pays producteurs de cette pierre si convoitée. Un sort similaire attend-il le Québec?

En moins de 20 ans, le Canada est passé d'une terre sans diamants au troisième rang mondial des pays producteurs de cette pierre si convoitée. Un sort similaire attend-il le Québec?

Les monts Otish, à 350 km au nord de Chibougameau, ne sont accessibles ni par bateau ni par voie terrestre. Et pourtant, ils reçoivent un nombre imposant de visiteurs chaque année.

C'est qu'en 2001, la société minière Ashton, en partenariat avec la Société québécoise d'exploration minière (SOQUEM), y a découvert les premiers diamants de la province. Et le Québec semble posséder les conditions géologiques gagnantes pour que d'autres gisements soient découverts.

Dès 1996, inspirée par le succès phénoménal d'Ekati et Diavik, deux gisements de classe mondiale situés dans les Territoires du Nord-Ouest, la société minière décidait d'intensifier la recherche de kimberlites - la roche diamantifère - sur le territoire québécois.

Les diamants ne se forment qu'à très grandes profondeurs dans les parties les plus anciennes de la croûte terrestre, explique James Moorehead, géologue résident au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) du Québec. Or, une immense portion du Québec se situe sur l'une des plus vieilles formations rocheuses de la Terre : le bouclier canadien.

Avec ces conditions propices et grâce à une approche méthodique, le partenariat Ashton-Soquem a pu identifier plusieurs kimberlites diamantifères dans sa propriété Foxtrot, des monts Otish.

L'an dernier, la compagnie a investi 29 millions pour prélever 6000 tonnes de minerai et en extraire près de 6000 carats (1,2 kg) de diamants bruts. Ceux-ci ont récemment été évalués à 88 $ le carat, soit 10 % de plus que la moyenne mondiale. Le plus gros, un caillou de près d'un gramme, pourrait se vendre à plus de 6000 $.

«Une fois taillé, il vaudra au-delà de 30 000 $ sur le marché», s'exclame Ghislain Poirier, directeur environnement et affaires publiques des mines Ashton du Canada.

Malgré cette bonne nouvelle, il n'est pas assuré que la quantité et la grosseur des diamants soient suffisantes pour justifier la création d'une mine. La société prévoit terminer ses études de préfaisabilité d'ici la fin de l'année pour savoir si ses efforts colossaux porteront fruit.

«En tout, nous aurons dépensé près de 60 millions avant de savoir si notre gisement est rentable, explique M. Poirier. Si les résultats sont concluants, nous devrions entrer en production d'ici 2010.»

Partage de risques et d'expertises

Avec la création d'une nouvelle classe fortunée dans les pays en voie de développement comme la Chine et l'Inde, tout porte à croire que la demande de diamants augmentera dans les prochaines années.

Devant un tel marché, le Québec a tout intérêt à stimuler la prospection dans ce secteur prometteur. Le principe de partenariat 50-50, établi par la SOQUEM, vise justement cet objectif tout en permettant de multiplier par deux la portée des investissements privés sur le territoire, explique Pierre Bertrand, directeur général de cet organisme tributaire de la Société générale de financement.

Alléchées par les découvertes du partenariat Ashton-SOQUEM, plusieurs autres compagnies junior d'exploration, telles Majescor ou Exploration Dios, sondent la région des monts Otish pour se tailler, elles aussi, une place dans le diamant.

Mais les résultats sont loin d'être garantis. Depuis la découverte d'Ashton en 2001, il y a eu une véritable ruée vers ces précieuses pierres. Et pourtant, aucun autre gisement de valeur n'a été rapporté.

«Si on a une chance de découvrir d'autres mines au Québec, dit le géologue James Moorehead, ça reste encore à démontrer.»