«C'est indécent. Pourquoi les hauts dirigeants de BCE pourraient être archi-millionnaires en cas de prise de contrôle, alors que des salariés seraient encore plus inquiets de leur emploi?»

«C'est indécent. Pourquoi les hauts dirigeants de BCE pourraient être archi-millionnaires en cas de prise de contrôle, alors que des salariés seraient encore plus inquiets de leur emploi?»

Michel Ouimet, principal représentant syndical de milliers de salariés québécois de Bell Canada, critique fortement les «parachutes dorés» des dirigeants de BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] après une mainmise sur l'entreprise, et dont La Presse Affaires révélait la teneur, mercredi.

À lui seul, le président et chef de la direction de BCE, Michael Sabia, pourrait encaisser au moins 28 millions de dollars en options d'achat d'actions et en indemnités spéciales en cas de prise de contrôle et d'une «cessation d'emploi» peu après, par les nouveaux propriétaires du géant des télécoms.

Et même s'il était gardé en poste, M. Sabia obtiendrait au moins 20 millions par le seul rachat de ses options. Ce rachat se déclenche par une transaction impliquant seulement le tiers (33,3 %) des actions avec droit de vote de BCE, selon son contrat d'emploi.

Ces informations, ainsi que les indemnités prévues pour d'autres dirigeants de BCE tels que George Cope, président et chef de la direction de la grosse filiale Bell Canada, sont contenues dans la circulaire de direction de BCE.

Il s'agit d'un document préalable à l'assemblée annuelle des actionnaires, convoquée pour le 6 juin prochain à Montréal.

Mais pour Michel Ouimet, directeur québécois du Syndicat des communications, de l'énergie et du papier, la teneur des primes aux dirigeants de BCE en cas de prise de contrôle risque de compliquer des relations de travail déjà tendues.

«Ça fait des années que ces dirigeants de Bell Canada et ses sociétés affiliées coupent dans les emplois, les salaires et les avantages sociaux afin, disaient-ils, d'améliorer les résultats financiers de l'entreprise.

«Mais là, on constate que c'était aussi pour bonifier leurs propres avantages financiers. Et qu'ils pourraient obtenir encore plus des suites d'une prise de contrôle de BCE.»

Pendant ce temps, selon M. Ouimet, des milliers de salariés de Bell Canada au Québec et en Ontario s'inquiètent des conséquences d'une telle prise de contrôle.

«Le seul groupe d'acheteurs confirmé à ce jour comprend tout de même une firme américaine (KKR, de New York) qui a une réputation inquiétante avec ce qu'elle fait des entreprises dont elle prend le contrôle, en particulier leurs employés», a indiqué Michel Ouimet.

Chose certaine, selon le directeur du SCEP, d'éventuels nouveaux propriétaires de BCE feraient face rapidement au renouvellement de grosses conventions collectives chez Bell Canada.

«La convention de 6000 techniciens sera la première, dès l'automne prochain. Ce groupe a été très malmené ces dernières années. Et là, Bell se retrouve à court de personnel technique dans certaines divisions pour effectuer ses travaux de modernisation».