Depuis son décollage raté en Bourse, il y a deux semaines, Air Canada n'arrive toujours pas à prendre de l'altitude.

Depuis son décollage raté en Bourse, il y a deux semaines, Air Canada n'arrive toujours pas à prendre de l'altitude.

L'action de catégorie B du transporteur a bien gagné 96 cents mercredi pour clôturer à 17,80 $ à la Bourse de Toronto, un gain de 5,7 %, mais c'est encore bien en dessous du prix de vente initial fixé par un syndicat financier, soit 21 $.

L'envol difficile du titre n'a toutefois rien à voir avec la performance de la société Air Canada, affirme Luc Grenier, gestionnaire de portefeuille à L'Industrielle Alliance.

"C'est une émission qui a été très en demande, les livres des preneurs fermes comptaient trois fois plus d'ordres d'achat que de titres disponibles", rappelle-t-il.

Le décollage poussif d'Air Canada est plutôt lié à une question d'arbitrage. Des fonds de couverture essentiellement américains ont vendu le titre d'Air Canada à découvert tout en achetant le titre de la société mère Gestion ACE Aviation, qu'ils considéraient sous-évalué.

Luc Grenier explique qu'en théorie, le titre de Gestion ACE Aviation devrait refléter la valeur de toutes ses entités, soit Air Canada, Air Canada Jazz, Aéroplan, Vacances Air Canada et les Services techniques Air Canada (ACTS).

Dans les faits, lorsqu'on additionne la valeur d'Aéroplan, inscrite en Bourse en juin 2005, la valeur d'Air Canada Jazz, inscrite en février 2006, la valeur d'Air Canada ainsi que la valeur estimée de Vacances Air Canada et d'ACTS, qui devrait être vendue en 2007, on excède la valeur de la société mère.

"La société de portefeuille est sous-évaluée", affirme Luc Grenier.

ACE n'est pas la seule à souffrir d'une telle sous-évaluation: c'est souvent le cas pour l'ensemble des sociétés de portefeuille.

L'action de catégorie B d'ACE a clôturé hier à 35,65 $, en hausse de 3,12 % par rapport à la veille. Le titre avait clôturé à 37,09 $ le 17 novembre dernier, jour de l'inscription d'Air Canada à la Bourse de Toronto.

Les fonds de couverture ont vendu à découvert le titre qu'ils jugeaient surévalué, celui d'Air Canada.

La vente à découvert consiste à vendre un titre que l'on ne possède pas (en empruntant le titre à une tierce partie, comme à un courtier) et à le racheter plus tard à un prix inférieur, ce qui permet de réaliser un profit. C'est donc une stratégie à utiliser lorsqu'on s'attend à une baisse du cours de l'action.

En même temps, les fonds ont acheté le titre qu'ils jugeaient sous-évalué, celui d'ACE.

"On s'attend à ce qu'ACE Aviation disparaisse en 2007, indiqué Jacques Kavafian, analyste à la firme Research Capital Corporation. Quand cela arrivera, ces gens-là vont avoir fait de l'argent."

À l'heure actuelle, ACE Aviation ne possède plus qu'ACTS et des participations dans Air Canada, Air Canada Jazz, Aéroplan et Vacances Air Canada. Une fois ACTS vendue, la société de portefeuille pourra se défaire de ses dernières participations et disparaître à l'horizon.

Le président et chef de la direction d'ACE, Robert Milton, avait déclaré en novembre 2005 qu'il envisageait de quitter son poste "plus tôt que tard".

Aéroplan a bien réussi son périple en Bourse: la société en commandite, qui avait pris son départ à un peu moins de 12 $, a clôturé hier à 16,90 $.

Le voyage a été un peu plus difficile pour Jazz, qui s'est lancée sur la piste de décollage à un peu plus de 10 $.