L'arrivée de nouveaux acteurs dans l'industrie des services financiers ne semble pas préoccuper outre mesure les grandes banques et les caisses populaires.

L'arrivée de nouveaux acteurs dans l'industrie des services financiers ne semble pas préoccuper outre mesure les grandes banques et les caisses populaires.

«Ils se concurrencent entre eux », dit le porte-parole du Mouvement Desjardins, André Chapleau.

«On est aux aguets, mais pour le moment leur impact sur nos activités est marginal », ajoute le vice-président, Solutions de crédit et de placement de la Banque Nationale, Jean Blouin.

Selon lui, avec leur gamme de produits étendue et leur réseau de services conseils, les banques disposent d'un avantage énorme sur ces nouveaux venus, qui ne font que distribuer des produits de base. " Chez nous, on peut adapter nos offres en fonction des besoins de chaque client ", dit-il.

Jean Blouin admet que, il y a 10 ans, quand ING Direct a fait son entrée sur le marché, les appréhensions de la Banque étaient assez grandes. " Mais on s'est rendu compte que les sommes déposées chez ING étaient minimes et que, après un certain temps, les gens revenaient chez nous. " N'empêche que la menace existe, estime le professeur Jean Perrien, de l'UQAM. Surtout dans les produits de base en matière de placement et de crédit, où la différenciation est faible.

" Le gros problème des banques serait que les produits financiers deviennent des commodités au même titre que l'essence ", dit-il.

Si cela se confirme, la bataille se fera alors uniquement sur le terrain des prix, et bien des consommateurs pourraient alors se laisser tenter par les taux alléchants offerts par Loblaws et les autres.

Une question de confiance

Dans le créneau des produits plus complexes comme les REER ou les fonds communs , Jean Perrien soutient que les banques n'ont pas à s'inquiéter parce que les nouveaux concurrents auront bien du mal à convaincre les consommateurs : " C'est une question de branding. Je ne suis pas certain que le lien de confiance entre un détaillant et sa clientèle sera assez fort pour convaincre les gens d'investir dans un REER Canadian Tire. "

Le professeur estime que la véritable menace pourrait plutôt provenir d'ING Direct, si cette banque décidait d'élargir sa gamme de produits. Et c'est précisément ce qui est en train de se produire! " Nous lancerons de nouveaux produits dès l'an prochain, et d'autres encore en 2008 et 2009 ", affirme la PDG d'ING Direct au Canada, Johanne Brossard, qui refuse cependant de donner plus de détails. Pour le moment, en tout cas, les institutions financières traditionnelles sont plutôt optimistes.

" Moi, quand je magazine chez Canadian Tire, c'est pour acheter des outils ou des pneus, pas pour négocier mon hypothèque! " ironise André Chapleau, de Desjardins.

Marco Marrone, le président des Services financiers Canadian Tire, est en revanche convaincu que la marque du détaillant est assez forte pour franchir la barrière " confiance ". " Ça fait plus de 40 ans (avec l'ancienne carte Canadian Tire) que l'on offre du crédit, notre réputation est solide. "

Chez Loblaws, on fait le même constat. " Nos clients associent la marque Le Choix du Président avec qualité, pas nécessairement à des produits alimentaires ", dit la porte-parole de Provigo, Josée Bédard.

Alors une menace, oui ou non? Réponse dans quelques années.