Pour la troisième fois de suite, la Banque du Canada laissera son taux directeur inchangé à sa réunion de la semaine prochaine parce qu'une demande plus modeste d'exportations est compensée par un essor du secteur énergétique au pays, indique un sondage mené auprès d'économistes.

Pour la troisième fois de suite, la Banque du Canada laissera son taux directeur inchangé à sa réunion de la semaine prochaine parce qu'une demande plus modeste d'exportations est compensée par un essor du secteur énergétique au pays, indique un sondage mené auprès d'économistes.

Ainsi, les décideurs laisseront à 4,25 % (un sommet depuis août 2001) le taux cible des prêts d'un jour entre les banques commerciales, soutiennent les 25 spécialistes sondés mardi et hier par Bloomberg News. La décision doit être rendue le 17 octobre prochain à 9 h.

Les consommateurs dépensent à une cadence record et les compagnies telles que Irving Oil songent à des investissements de plusieurs milliards de dollars au moment où sévit une pénurie de main-d'oeuvre et de matériaux, ce qui donne à penser que l'inflation demeurera à un niveau égal ou supérieur à la cible de 2 % de la banque centrale. La demande étrangère de produits énergétiques a contribué au gain de 38 % de la devise canadienne depuis 2002, ce qui nuit aux exportations des usines, car la demande américaine baisse.

" S'ils haussent les taux, ils risquent d'alimenter le dollar canadien et s'ils abaissent les taux, ils se trouvent à alimenter l'économie intérieure ", souligne Michael Gregory, économiste principal de BMO Marchés des capitaux, à Toronto. " Je crois qu'ils vont laisser les choses telles quelles et voir quelle tendance se dégagera ", ajoute-t-il.

La Banque du Canada laissera aussi son taux directeur inchangé lors de ses prochaines annonces prévues pour le 5 décembre et le 16 janvier prochains, selon les participants au sondage. Le gouverneur David Dodge et ses lieutenants ont haussé les taux d'intérêt sept fois de suite entre septembre 2005 et mai dernier, plus longue hausse cumulative depuis 1997-1998.

Le mois dernier, M. Dodge a déclaré que peu de choses avaient changé depuis la prévision économique de la Banque du Canada en juillet dernier, prévision dévoilée deux jours après que les décideurs eurent cessé de majorer les taux. Dans ce rapport sur la politique monétaire, la banque avait prédit qu'un huard vigoureux ralentirait la croissance économique à 2,9 % en 2007 comparativement à 3,2 % cette année.

" Les données que vous avons observées depuis notre rapport de juillet ne nous amènent pas à l'heure actuelle à dire que notre perspective serait radicalement changée ", a dit M. Dodge le 16 septembre dernier au cours d'une conférence de presse à Singapour, où il participait à une réunion des ministres des Finances et des dirigeants de banques centrales du Groupe des sept.

Les décideurs de la Banque du Canada ont laissé les taux inchangés le 6 septembre dernier soulignant que les risques sur les plans de la croissance et de l'inflation étaient équilibrés entre des dépenses de consommation plus fortes que prévu ainsi que des prix des maisons supérieurs aux attentes et une baisse de la demande américaine.

Par rapport à janvier 2005, le surplus commercial du Canada a fondu à son niveau le plus bas en juillet dernier, à cause notamment du premier déficit du commerce d'automobiles en 15 ans, soulignait le mois dernier Statistique Canada. Les données touchant le commerce en août doivent être publiées aujourd'hui.

Les dépenses intérieures soutiennent la croissance économique au Canada et elles en ont été le moteur principal pendant la plus grande partie des six dernières années. Les ventes au détail ont gonflé à un niveau record en juillet, les consommateurs profitant de la baisse de la TPS pour acheter des autos.

Irving Oil, du Nouveau-Brunswick, a fait savoir la semaine dernière qu'il pourrait consacrer jusqu'à 7 milliards CAN pour construire une raffinerie dans l'est du Canada.

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