Lockheed Martin met le Canada en garde contre la tentation de multiplier les exigences en matière de retombées des dépenses militaires.

Lockheed Martin met le Canada en garde contre la tentation de multiplier les exigences en matière de retombées des dépenses militaires.

Si ces exigences sont trop draconiennes, le gouvernement canadien risque de porter atteinte aux principaux objectifs de son programme d'acquisition: fournir aux militaire le meilleur matériel disponible et assurer la santé de l'industrie canadienne de la défense, a déclaré Ron Covais, président de Lockheed Martin pour les Amériques, en entrevue avec La Presse Affaires.

M. Covais est à Montréal cette semaine dans le cadre d'une grande offensive de Lockheed Martin pour rencontrer une centaine d'entreprises de l'industrie aéronautique de la région de Montréal, des plus grandes au plus petites. Hier, l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA) a notamment organisé des dizaines de rencontres entre les représentants du géant américain de la défense et des PME.

Lockheed Martin espère remporter un important contrat de 3,2 milliards de dollars de la Défense nationale du Canada pour la fourniture de 17 appareils de transport aérien tactique. Le gouvernement canadien attribuera également un contrat de 1,7 milliard de dollars pour le soutien en service de ces appareils pendant les 20 prochaines années.

L'entreprise qui remportera ces juteux contrats devra générer des retombées industrielles d'un montant équivalent au Canada. C'est pour explorer les occasions de partenariats d'affaires que Lockheed Martin est présentement à Montréal.

" Nous voulons les identifier pour être prêts à réagir rapidement ", a déclaré M. Covais.

Le gouvernement aimerait que les retombées touchent à peu près toutes les grandes régions canadiennes, mais le président pour les Amériques de Lockheed Martin s'est élevé contre des règles trop strictes de répartition régionale.

Il a rappelé que le programme d'acquisition de la Défense nationale visait à fournir le meilleur équipement possible au militaire, mais aussi à renforcer l'industrie canadienne de la défense, notamment en utilisant son savoir-faire, en lui donnant accès à la technologie américaine et en assurant des emplois de qualité.

M. Covais estime que des exigences trop strictes pourraient jouer contre ces objectifs fondamentaux. Il a indiqué que Lockheed Martin se ferait un devoir de rencontrer les ministres fédéraux pour leur exposer les effets pervers de telles exigences.

" Il ne s'agit pas de lobbying ", a soutenu M. Covais, avant de faire valoir que Lockheed Martin se préoccupait de ses relations à long terme au Canada. Il a rappelé que l'entreprise faisait affaires avec des entreprises canadiennes depuis une soixantaine d'années. Plus précisément, au cours des 20 dernières années, Lockheed Martin a fait affaires avec 250 entreprises au Canada, générant des retombées de 3 milliards US.

Lockheed Martin est en bonne position pour remporter le contrat pour les appareils de transport tactique: le seul concurrent, l'A400 M d'Airbus, n'entrera en production qu'en 2009. En comparaison, le Super Hercules de Lockheed Martin, le C130J, est déjà utilisé dans cinq pays.

Les retombées que pourrait générer l'acquisition des 17 appareils ne seraient pas nécessairement liées à ce programme en particulier. Il pourrait être question de participation à d'autres programmes, comme le Joint Strike Fighter, un avion de chasse encore en cours de conception. Les retombées pourraient même ne pas être liées à l'aéronautique.

" Nous sommes une entreprise très diversifiée, nous avons également une division navale et une division spatiale ", a rappelé M. Covais.

© 2006 La Presse. Tous droits réservés.