Changement de garde aux plus hauts niveaux chez Loblaw, le plus gros épicier au Canada et propriétaire des magasins Provigo, après plusieurs trimestres de résultats décevants et de valeur boursière déprimée.

Changement de garde aux plus hauts niveaux chez Loblaw, le plus gros épicier au Canada et propriétaire des magasins Provigo, après plusieurs trimestres de résultats décevants et de valeur boursière déprimée.

Le président de Loblaw, John Lederer, depuis 29 ans dans l'entreprise dont six à la présidence, prend la porte.

Son remplaçant, Mike Foote, 45 ans, était, il y a six mois à peine, le principal dirigeant des magasins... Canadian Tire! Il avait été embauché en avril par Loblaw pour diriger sa division des articles non alimentaires, en croissance laborieuse.

Par ailleurs, le président du conseil de Loblaw, W. Galen Weston, actionnaire de contrôle et au deuxième rang des Canadiens les plus riches, cède aussi son poste. Mais son successeur, lui, est membre de la haute direction de Loblaw depuis quelques années. Il s'agit de son fils, Galen G. Weston, 33 ans, diplômé de maîtrise en administration (MBA) de l'Université Columbia, à New York.

Le fils Weston était déjà vice-président à la planification stratégique au siège social de Loblaw. Et en tant qu'héritier d'une fortune de plus de 9 milliards de dollars, Galen G. Weston est bien établi parmi les figures montantes de la haute société de Toronto.

N'empêche, ces changements annoncés hier par Loblaw à ses deux plus hauts postes de direction n'ont guère semblé rassurer les investisseurs boursiers.

L'action de Loblaw a rechuté de 1 $, ou 2 %, à 49,50 $, à la Bourse de Toronto, ce qui la recale près de sa valeur la plus basse depuis près de cinq ans, en décembre 2001.

D'ailleurs, symbole du ras-le-bol envers les accrocs de Loblaw depuis deux ans avec la refonte de sa distribution, et sa rentabilité très entachée, la valeur boursière du géant de l'alimentation a reculé de 29 % depuis un an.

Cette année seulement, les actions de Loblaw sont en recul de 12,5 %.

Hier, en annonçant le départ de ses deux plus hauts dirigeants, Loblaw soutenait qu'il s'agissait d'une " succession de leadership " en préparation depuis un certain temps.

Mais selon des observateurs externes, la " démission " soudaine du président John Lederer, au terme de trois décennies à gravir les échelons, laisse penser à un coup de ballon-sacrifice.

" Tout indique qu'il a été désigné pour assumer le blâme des problèmes chez Loblaw ", selon Jim Hall, gestionnaire d'une portefeuille de 3 milliards chez Mawer Investment, de Calgary, qui comprend plusieurs milliers d'actions du détaillant.

D'ailleurs, à la fin de juillet dernier, en commentant des résultats trimestriels encore en baisse, John Lederer avait encore admis au retard et au coût plus élevé que prévu de la réforme majeure de la distribution chez Loblaw.

Mais il avait aussi affirmé la " position de leadership " du détaillant afin d'être en mesure d'affronter " tout ce que le marché concurrentiel nous fera subir ".

Quant au nouveau président de Loblaw, Mark Foote, il a été embauché en avril pour ses compétences en marchandises générales.

L'essor de ce secteur chez Loblaw est considéré prioritaire parmi les efforts pour concurrencer l'expansion de Wal-Mart dans l'alimentation.

Malgré tout, Mark Foote accède soudainement à la présidence d'un détaillant un peu terni, bien qu'il détienne une importante part de 30 % du marché canadien de l'alimentation.

" La stagnation sinon la baisse des ventes alimentaires de Loblaw, dans un marché de prix très concurrentiels, est sans doute son plus gros défi d'affaires à ce moment-ci ", a indiqué l'analyste Perry Caicco, spécialiste du commerce de détail chez Marchés mondiaux CIBC, dans un récent avis à ses clients.

Mais selon son vis-à-vis chez la firme Credit Suisse, l'analyste Winston Lee, les maux de gestion de Loblaw seraient en voie d'être résolus.

Le détaillant devrait ainsi retrouver un bon élan face à ses concurrents les plus directs en alimentation tels que Sobeys/IGA et Metro/A&P/Dominion, mais aussi des concurrents à escompte comme Wal-Mart et Costco.

" Loblaw demeure le mieux placé pour surmonter ses défis parmi les trois grands de l'alimentation ", indiquait Winston Lee dans un récent avis aux clients investisseurs de Credit Suisse.

Les défis du président LOBLAWCompléter la refonte de la distribution, plus longue et plus coûteuse que prévu.

Rehausser la rentabilité, en baisse au cours de cinq des six derniers trimestres.

Faire grimper la valeur boursière, à son plus bas depuis décembre 2001.

Assurer une croissance rentable, en augmentant sa part dans le marché de l'alimentation au détail, qui est de 30%.

Préparer les plus grands magasins à l'arrivée de Wal-Mart dans l'alimentation.

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