Vous rapportez du travail à la maison. Vous faites un peu de pige à domicile, en plus de votre travail régulier. Une journée par semaine, votre employeur vous permet de travailler à distance — c'est-à-dire chez vous.

Vous rapportez du travail à la maison. Vous faites un peu de pige à domicile, en plus de votre travail régulier. Une journée par semaine, votre employeur vous permet de travailler à distance — c'est-à-dire chez vous.

Votre assureur sera-t-il intéressé à le savoir?

Pourrait-il avoir l'effronterie de vous refuser une indemnité parce que vous lui avez caché vos activités domestiques, aussi peu lucratives soient-elles?

Disons le crûment: oui. À tout le moins dans certains cas.

«Le contrat d'assurance se limite à couvrir vos biens et bâtiments dans un contexte de vie privée», rappelle Alexandre Royer, porte-parole du Bureau d'assurance du Canada.

Les assurances habitation limitent à un certain montant la protection des biens servant à un usage professionnel — ordinateur, imprimante, mobilier...

Cette limite est souvent fixée à 1000 $ pour les biens, et à 500 $ ou 1000 $ pour les logiciels. Si un malheur survenait, vous ne pourriez toucher une indemnité supérieure pour la perte de ces articles.

Mais il y a plus. Si un bien qui vous sert à vos activités professionnelles — un ordinateur portable, par exemple — est perdu ou endommagé en dehors des lieux assurés, il n'est pas couvert par votre assurance habitation. Votre assureur ne vous indemnisera donc pas si le précieux objet est volé dans votre véhicule, à l'occasion d'un déplacement.

De la même façon, la couverture à l'égard de la responsabilité civile, qui interviendra si votre voisin vous poursuit après qu'il se soit fracturé la hanche sur votre escalier verglacé, pourrait rester lettre morte si cette malchance affecte un de vos clients.

Il y a travail et travail

Toute la question est de savoir jusqu'où s'étend cette notion d'activité professionnelle. M. Royer propose une définition: il s'agit de toute activité rémunérée, exercée de manière continue ou régulière, notamment un commerce, un métier, une profession libérale, etc.

Tentons de placer quelques balises, en débutant avec un exemple bénin: vous rapportez du travail de votre bureau à la maison. Devez-vous vous inquiéter? «Il n'est pas nécessaire qu'un professeur ou un comptable nous contacte parce qu'il utilise son ordinateur personnel pour faire ses corrections ou ses travaux de comptabilité», indique Christine Roy, analyste en assurance des particuliers chez La Capitale Assurances générales.

«Mais s'il s'agit d'un ordinateur à usage strictement professionnel, qui sert autant à domicile qu'hors des lieux, et qu'il s'en sert uniquement dans le cadre de ses fonctions, il est préférable qu'il nous appelle.»

Compliquons les choses: vous touchez des revenus supplémentaires en travaillant quelques heures par semaine à votre compte à la maison. L'analyste recommande d'aviser l'assureur dès qu'un revenu indépendant occasionnel est gagné en utilisant des biens à domicile.

«Il y a une distinction à faire entre travailler à l'occasion de la maison — par exemple s'envoyer un dossier par courriel pour pouvoir y travailler un soir — et le fait d'avoir un bureau pour produire les déclarations d'impôt au début de chaque année», résume Alexandre Royer. Dans ce dernier cas, la limite relative aux activités professionnelles pourrait être appliquée.

Que fera l'assureur?

Si vos activités le nécessitent, l'assureur pourra simplement recommander d'augmenter la limite attribuée aux biens servant à des fins professionnelles. Donnons un ordre de grandeur: pour faire passer cette limite de 2500 $ à 10 000 $, la prime pourrait subir une hausse de l'ordre de 75 $, selon Christiane Roy.

La même logique s'applique à la responsabilité civile. Si des clients ne se présentent que très occasionnellement à la maison, il suffira peut-être de faire passer la limite de responsabilité civile d'un million $ à deux millions $. Cette modification pourrait coûter quelque 20 $ par année. En somme, pour 100 $ à 200 $, on se protégera contre les mauvaises surprises.

Selon l'importance de ses activités, le travailleur autonome à domicile pourrait avoir avantage à opter pour une assurance commerciale, qui procurera une plus large couverture que les avenants apportés à son assurance habitation, avise France Boulanger, analyste en assurance des entreprises de La Capitale Assurances.

Une assurance de ce type accordera par exemple une protection à l'égard des préjudices imputables à la publicité. «Si vous brisez quelque chose chez un client, nous allons vous couvrir», décrit encore Mme Boulanger.

La prime de cette assurance pourrait être de 100 $ à 200 $ plus élevée que le surcoût d'une simple assurance habitation.

Voilà pour la théorie. À vous bien sûr de jauger le risque que vous courrez...