Les représentants de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne au sein de l'instance dirigeante de la Banque mondiale ont ainsi pris leur distance samedi.

Les représentants de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne au sein de l'instance dirigeante de la Banque mondiale ont ainsi pris leur distance samedi.

Cette affaire «a porté atteinte à la banque (et) n'aurait pas dû se produire», a estimé le ministre britannique au Développement Hilary Benn dans un communiqué.

Toutefois, «il faut respecter le processus engagé par le Conseil d'administration» de la Banque mondiale qui examine les accusation et a promis de trouver «rapidement» une issue, a-t-il ajouté.

Son homologue allemande Heidemarie Wieczorek-Zeul a estimé de son côté qu'il appartenait à l'ancien numéro deux du Pentagone de «décider lui-même si, au vu de cette erreur, il peut remplir sa mission de manière crédible», faisant valoir au passage que M. Wolfowitz se voulait justement un «partisan engagé» de la lutte contre la corruption dans les pays pauvres.

L'ancien artisan de la guerre en Irak est accusé d'avoir octroyé d'autorité, peu après son entrée en fonction en 2005, une spectaculaire augmentation de salaire à sa compagne, employée par la Banque mondiale, sans l'aval des administrateurs de l'institution.

Il a présenté ses excuses mais l'affaire, embarrassante pour l'administration Bush qui avait nommé M. Wolfowitz en 2005, n'est pas close.

«La balle est objectivement dans le camp du président» de l'institution, estime-t-on de source européenne.

Les employés de l'institution et un grand nombre d'organisations non-gouvernementales, dont l'appui contribue à l'efficacité de la Banque sur le terrain, ont publiquement demandé sa démission.

L'arrivée, vendredi, à Washington, des délégations ministérielles pour les réunions semestrielles de la BM et du Fonds monétaire international (FMI) a cristallisé l'affaire et donné lieu à d'importantes négociations de coulisse.

Le Comité de développement, l'instance dirigeante de la Banque mondiale, va se réunir dimanche. Dans la foulée, une nouvelle réunion des administrateurs, qui sont à même de prendre une décision sur le sort de M. Wolfowitz, n'est pas exclue.

Un compromis pourrait toutefois être trouvé, permettant au président de sauver son poste, en faisant sauter des fusibles, par exemple.

Jeudi, M. Wolfowitz a laissé entendre qu'il n'était pas opposé à «mieux structurer» le réseau de conseillers qu'il a mis en place à la Banque et que beaucoup de ses opposants considèrent comme les instruments de la gestion ultra-centralisé qu'ils critiquent.

«J'ai entendu des inquiétudes de la part de membres du conseil, des employés», au sujet de Robin Cleveland, sa conseillère principale, et Kevin Kellems, en charge de la stratégie, a-t-il dit.

Dans ces tractations, M. Wolfowitz pourra sans doute compter sur le soutien des pays qu'il cite en exemple de sa croisade anti-corruption et des plus récents bénéficiaires des aides octroyées par l'institution.

«Nous avons été les témoins d'une direction visionnaire, de progrès solides, sous la présidence de M. Wolfowitz», a notamment déclaré, samedi, Antoinette Sayeh, ministre des Finances du Liberia.

M. Wolfowitz a présidé il y a quelque semaine une conférence internationale consacrée à l'effacement de l'énorme dette de ce petit pays ravagé par la guerre.