Le FMI a cherché mercredi à calmer le jeu sur l'impact potentiel du coup d'Etat à Bangkok, que les marchés et les experts ne jugent pas pour l'instant susceptible de faire chavirer la solide économie thaïlandaise et la stabilité économique de l'Asie.

Le FMI a cherché mercredi à calmer le jeu sur l'impact potentiel du coup d'Etat à Bangkok, que les marchés et les experts ne jugent pas pour l'instant susceptible de faire chavirer la solide économie thaïlandaise et la stabilité économique de l'Asie.

"Nous surveillons les développements très étroitement, et nous n'avons certainement pas encore vu de conséquences financières", a déclaré le directeur général du Fonds monétaire international, Rodrigo Rato, pressé de se prononcer sur ce sujet à la clôture des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Singapour.

"Nous espérons que la situation évoluera au bénéfice de la démocratie et de la stabilité dans le pays", a-t-il ajouté devant les journalistes, se refusant à en dire davantage.

La veille encore, M. Rato faisait à la tribune du FMI l'éloge de la vigueur de l'économie asiatique, "la plus dynamique du monde".

Le coup de force du général Sonthi Boonyaratglin, leader apparent du coup d'Etat, a cependant provoqué des remous sur les marchés financiers de la planète.

Les opérateurs des marchés des changes ont été parmi les premiers à réagir: la devise thaïlandaise, le baht, reculait nettement, de 0,25% à 37,68 pour un dollar vers 06H30 GMT, entraînant les monnaies voisines dans son sillage.

Pas au point toutefois d'inquiéter les analystes. Pour l'heure, il s'agit "davantage d'une réaction à chaud" des investisseurs, a jugé Alvin Liew, économiste de la United Overseas Bank à Singapour.

"Il n'y aura pas d'impact supplémentaire sérieux sur la monnaie" car "pour l'heure, "tout indique que l'on se dirige vers une transition pacifique", a-t-il estimé.

Quant aux marchés boursiers asiatiques, ils limitaient leurs pertes. Celui de Bangkok est resté fermé.

"Personne ne croit à une répétition de la crise asiatique" de 1997-98, grâce "au bon approvisionnement en liquidité" du marché "et à la solidité du secteur bancaire", a également jugé la banque asiatique DBS Bank.

A l'époque, cette crise majeure avait justement débuté en Thaïlande par une série d'attaques spéculatives sur le baht. Elle avait provoqué un mouvement massif de retraits de capitaux avant de se solder par des récessions de 6% en Thaïlande et de 14% en Indonésie en 1998, selon le FMI qui avait été contraint d'intervenir.

Dans les pays voisins, l'heure n'est pas à l'affolement. Le secrétaire d'Etat philippin aux Finances, Margarito Teves, a estimé que "la Thaïlande, grâce à ses récentes expériences (en matière d'instabilité politique, ndlr) et ses fondamentaux économiques solides, sera capable de procéder aux ajustements nécessaires".

"Je suis certain qu'elle va rebondir et que cela ne nuira pas à la situation en Asie", a-t-il ajouté en marge des réunions de Singapour.

Sjamsul Arifin, directeur du département international de la Banque centrale d'Indonésie, a de son côté jugé que "même s'il y avait un impact négatif, il serait très limité car la stabilité est préservée".

Les agences de notation internationales, dont dépendra fortement la capacité du futur gouvernement thaïlandais à s'endetter, ont toutefois rapidement fait savoir mercredi qu'elles demeuraient sur le qui-vive, prêtes à abaisser la note souveraine de la Thaïlande. L'une d'entre elles a également placé les principales banques thaïlandaises sous surveillance.

Moody's note que l'événement "est essentiellement politique plutôt que financier", et suggère qu'il pourrait même permettre de mettre fin à la "paralysie politique à Bangkok" si des élections sont organisées prochainement.

Standard and Poor's redoute au contraire de voir cette paralysie "s'étendre, et affecter fortement le climat des affaires" dans le pays.

ahe/ylf/ema