Kohlberg, Kravis Roberts & Co. (KKR) souhaitait mettre la main sur Alliance Boots, propriétaire de la plus importante chaîne britannique de pharmacies, pour lui seul. Alors, plutôt que de faire équipe avec une autre firme de capital-risque privé, KKR a réalisé tout seul la transaction de 11,1 milliards de livres (23,9 milliards CAN), plus important rachat de l'histoire européenne.

Kohlberg, Kravis Roberts & Co. (KKR) souhaitait mettre la main sur Alliance Boots, propriétaire de la plus importante chaîne britannique de pharmacies, pour lui seul. Alors, plutôt que de faire équipe avec une autre firme de capital-risque privé, KKR a réalisé tout seul la transaction de 11,1 milliards de livres (23,9 milliards CAN), plus important rachat de l'histoire européenne.

«Cela nous a permis d'avoir des discussions très nettes avec le conseil d'administration de Alliance Boots», explique Dominic Murphy, 40 ans, l'associé de KKR établi à Londres qui a été le grand responsable de l'acquisition.

«Nous avons pu prendre des décisions très rapidement et efficacement, ajoute-t-il. Nous n'avons pas eu à consulter des partenaires.»

La caisse spéciale, fort bien garnie, des firmes de capital-risque privé leur fournit les moyens de réaliser des transactions de plusieurs milliards de dollars par elles-mêmes, leur évitant de former des regroupements encombrants qui ont incité les procureurs américains l'an dernier à entreprendre des enquêtes antitrust, selon une personne au courant du dossier.

Et au moment où les firmes de capital-risque privé poussent en ce moment la valeur des acquisitions au-delà du record de 701,5 milliards US établi l'an dernier, elles incitent les banques en quête de commissions à leur fournir de nouvelles formes de financement pour leurs rachats en solo.

Les partenariats en vue de rachats ont fait les manchettes au cours des trois dernières années, avec notamment l'acquisition par laquelle Blackstone Group et six autres firmes ont payé 10,4 milliards US pour SunGard Data Systems, un producteur de logiciels de Wayne, en Pennsylvanie, en mars 2005.

Mais moins de deux ans plus tard, soit en février dernier, Blackstone, une société établie à New York, décidait de faire cavalier seul et versait 39 milliards US pour Equity Office Properties Trust, rachat qui vient au deuxième rang de tous les temps. Ce mois-ci, Cerberus Capital Management l'imitait en consentant à payer 7,4 milliards US pour racheter Chrysler de DaimlerChrysler.

«On verra cette approche de plus en plus», avance David Rubenstein, co-fondateur de Carlyle Group, de Washington.

«Les firmes de capital-risque privé ont compris qu'elles peuvent obtenir l'argent dont elles ont besoin pour ces transactions», ajoute-t-il.

Au moment où les firmes de capital-risque privé agissent en solitaires, elles bénéficient d'un coup de main des banques, qui leur fournissent un «raccordement de capital» pour les aider à réaliser leurs acquisitions d'entreprises.

Cette avenue consiste pour les banques à acheter des actions de la compagnie cible, ce qui réduit le montant dont la firme de capital-risque privé a besoin pour sa transaction.

Une fois celle-ci conclue, les banques vendent leur participation, souvent à des partenaires en nombre limité (des caisses de retraite, des fondations universitaires, de riches particuliers), dans les fonds de la firme de capital-frisque privé.

Ainsi, en avril dernier, KKR, de New York, a obtenu un raccordement de capital de 1,39 milliard de livres de Barclays Plc et de six autres banques pour acheter Alliance Boots, premier recours à ce type de financement en Europe.

Les banques fournissent donc des raccordements pour obtenir une plus grande part des commissions pour les conseils fournis dans le cadre du boom de rachats auquel on assiste à l'heure actuelle.

«Nous devons le faire», commente Piero Novelli, co-patron de la division des rachats à l'échelle mondiale de UBS AG, à Londres.

«Ce n'est certainement pas ce que la plupart des banques sont ravies de faire, ajoute-t-il. Mais lors de très gros et très lucratifs rachats, les clients le demandent.»