Les entreprises canadiennes de l'aérospatiale qui pestent contre les règles de Washington les empêchant d'embaucher des travailleurs de pays «suspects» ont trouvé un allié de taille: la NASA.

Les entreprises canadiennes de l'aérospatiale qui pestent contre les règles de Washington les empêchant d'embaucher des travailleurs de pays «suspects» ont trouvé un allié de taille: la NASA.

Elle aussi aimerait bien se débarrasser de cette réglementation.

Un groupe de travail indépendant a même conclu que les restrictions de ce qu'on appelle dans le jargon l'ITAR (pour IInternational Traffic in Arm Regulation) «menacent l'efficacité et la sécurité de l'assemblage et de l'exploitation de la station spatiale».

«Cela peut entraver les communications, l'intégration des équipements et ultimement, la capacité de résoudre des problèmes urgents et de corriger des incidents qui surviennent en vol», explique le directeur de la division du contrôle des exportations à la NASA, John Hall, à La Presse Affaires.

Le Canada est l'un des partenaires internationaux de la station spatiale.

«L'ITAR n'a pas causé de crise majeure jusqu'ici, mais c'est certain que ces restrictions ont un impact négatif sur la libre communication nécessaire au succès des missions, déclare Paul Cooper, un vice-président de MDA, responsable de la conception et de la fabrication d'importants éléments fournis à la station spatiale. La recommandation du groupe de travail permettrait d'améliorer la situation.»

Le Canada a fourni trois éléments à la Station spatiale internationale: un grand bras manipulateur robotisé, une base mobile pour lui permettre de se déplacer le long de la station et un petit manipulateur robotisé, Dexter, qui pourra effectuer des travaux demandant une plus grande dextérité.

Le bras et la base mobile sont déjà arrimés à la station spatiale. Dexter devrait prochainement prendre le chemin de l'espace. Les travaux de fabrication sont donc terminés du côté canadien.

«Ce qui nous préoccupe présentement , c'est l'opération du bras, lance Hugues Gilbert, de l'Agence spatiale canadienne. C'est là où il faut arriver à une entente avec les Américains, pour pouvoir l'opérer.»

Il explique que la nécessité d'obtenir des autorisations pour échanger certaines données techniques alourdit la planification des missions. Paul Cooper, de MDA, rappelle de son côté que les ingénieurs de MDA et de l'agence doivent être en mesure d'intervenir pour assister la NASA en cas de difficultés.

Dans son rapport déposé au début de mars, le Groupe de travail indépendant sur la sécurité de la station spatiale internationale recommande au département d'État d'exempter la NASA de l'ITAR afin de permettre à l'agence spatiale et à ses contracteurs d'échanger librement de l'information avec les partenaires internationaux.

Le groupe insiste pour que le problème soit réglé rapidement, soit avant le premier vol du «véhicule de transfert automatisé», prévu pour la fin de l'été 2007. Cette petite navette a été conçue par l'agence spatiale européenne.

Le premier ministre canadien Stephen Harper a fait savoir que les exigences des ITAR préoccupait son gouvernement.

«Il y a des représentants du Canada à Ottawa et à Washington, notamment l'ambassadeur canadien Michael Wilson, qui travaillent de concert avec des représentants du gouvernement des États-Unis afin de trouver une solution au problème», affirme un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères, Alain Cacchione.

«Les ministres des Affaires étrangères, du Commerce international et de la Défense nationale continuent de soulever la question auprès de leurs homologues américains.»