Cinq proches de Vincent Lacroix ont reçu plus de 7,3 M$ de lui depuis la fondation de Norbourg. Et c'est à eux, pas au gouvernement, qu'il devrait demander de l'aide pour payer un avocat.

Cinq proches de Vincent Lacroix ont reçu plus de 7,3 M$ de lui depuis la fondation de Norbourg. Et c'est à eux, pas au gouvernement, qu'il devrait demander de l'aide pour payer un avocat.

C'est la position qu'a défendue jeudi Me Éric Downs, qui représente l'Autorité des marchés financiers (AMF) dans la poursuite au pénal qu'elle a intentée contre M. Lacroix à la suite de l'affaire Norbourg.

Au mois de mai, M. Lacroix devra se défendre de 51 chefs d'accusation d'avoir manipulé les fonds Norbourg et remis de fausses déclarations à l'AMF.

M. Lacroix demande à la Cour supérieure d'ordonner au gouvernement du Québec de lui payer un avocat, faisant valoir qu'il n'a pas d'argent et que le procès sera trop complexe et long pour qu'il se défende seul.

M. Lacroix avait entrepris l'audience d'hier en expliquant que tous les membres de sa famille immédiate sont en difficultés financières depuis le scandale Norbourg.

Durant l'audience, Me Downs a documenté des dizaines de chèques faits au fil des ans par M. Lacroix aux membres de sa famille, à partir de comptes personnels ou de Norbourg.

L'entreprise de Donald Lacroix, le père de M. Lacroix, a notamment reçu 2,5 millions en versements (pour des mandats de publicité ou d'impression) entre 1998 et 2005.

D'autres membres de sa famille se sont partagé le reste des 7,3 millions.

M. Lacroix a dit n'avoir aucune somme d'argent cachée dans des paradis fiscaux. Il s'est appuyé sur une déclaration sous serment signée par le comptable de RSM-Richter, qui a analysé les livres de Norbourg.

M. Lacroix a notamment évoqué un transfert de 2 millions vers les Bahamas, fait en mai 2005. Il a affirmé qu'il n'a jamais autorisé ce transfert. Il a laissé entendre que son bras droit, Éric Asselin, pourrait avoir eu un rôle dans ce transfert: «C'est une piste à explorer», a dit M. Lacroix, qui a produit en cour un courriel de M. Asselin dans lequel un numéro de compte offshore apparaît.

Caisse de dépôt

Par ailleurs, M. Lacroix s'est adressé aux médias en sortant du tribunal, et a brièvement commenté ses allégations récentes sur le rôle de la Caisse de dépôt et placement dans la vente à Norbourg des Fonds Evolution, en 2004.

Quand on lui a demandé s'il a des preuves, il a répondu: «Je n'ai plus d'autres options, et j'ai l'intention de les déposer.»

Dans un interrogatoire qui a été déposé mercredi par le syndic RSM-Richter, M. Lacroix allègue notamment que des employés de la Caisse ont fait pression sur l'Autorité des marchés financiers en 2003 pour que cette dernière approuve la vente des Fonds Evolution à Norbourg.

Dans un recours récent, M. Lacroix appelle en garantie diverses personnes et organismes, dont la Caisse de dépôt, arguant qu'il manquait des montants importants dans les Fonds Evolution quand Norbourg les a achetés. La Caisse était actionnaire à 80% de la firme qui a vendu les fonds Evolution à Norbourg.

Dans un communiqué publié mercredi, la Caisse a qualifié les propos de M. Lacroix de «mensongers» et destinés «à se faire passer pour une victime». L'AMF n'a pas commenté les allégations de M. Lacroix, rappelant cependant que la source de ces propos est M. Lacroix.