Après des jours de discussions en coulisse, l'Opep semblait jeudi finalement être décidée à se réunir d'urgence et baisser sa production, pour la première fois depuis juin 2004, en vue de soutenir le prix du pétrole qui a rebondi dans la foulée au dessus des 60 dollars.

Après des jours de discussions en coulisse, l'Opep semblait jeudi finalement être décidée à se réunir d'urgence et baisser sa production, pour la première fois depuis juin 2004, en vue de soutenir le prix du pétrole qui a rebondi dans la foulée au dessus des 60 dollars.

Selon l'agence de presse algérienne APS, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont l'Algérie est membre tiendra une réunion extraordinaire les 18 et 19 octobre à Vienne. Le cartel n'a pas encore confirmé cette information.

La réunion aurait pour but d'évaluer les conséquences de la chute de 25% du prix du baril depuis deux mois, qui entame les revenus des pays membres du cartel mais soulage la croissance économique, et encourage la demande pétrolière.

La majorité des onze membres de l'Opep ont convenu qu'une baisse de production d'au moins un million de barils par jour, soit 4% du total actuel, était nécessaire pour faire remonter les prix, indique l'APS.

Cela fait plus de deux ans que l'Opep n'a pas abaissé ses quotas de production. La dernière réduction remonte à juin 2004, lorsque les quotas avaient été ramenés à 23,5 millions de barils par jour. Ils ont ensuite été relevés à cinq reprises pour atteindre 28 millions en juillet 2005, niveau auquel ils sont depuis fixés.

Cette décision de passer à l'acte semblait déjà porter ses fruits jeudi, le baril de brut étant remonté, dans la foulée de cette nouvelle, au dessus du seuil des 60 dollars, après être tombé au plus bas depuis huit mois mercredi sous les 58 dollars.

Les cours se sont ensuite stabilisés. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en novembre progressait de 7 cents à 59,48 dollars, tandis que le Brent à Londres progressait de 50 cents à 59,77 dollars vers 17H15 GMT.

Le Nigeria et le Venezuela ont déjà réduit leur production de respectivement 120.000 et 50.000 barils par jour depuis dimanche, mais l'Opep avait souligné qu'il s'agissait de décisions individuelles n'impliquant pas le cartel en tant qu'entité.

Selon le Financial Times, le Koweït, l'Iran, la Libye et aussi les Emirats arabes unis sont prêts à réduire à leur tour leur production.

Même l'Arabie saoudite, le chef de file de l'organisation, semble s'être rallié au mouvement. Selon les analystes de la Société Générale, Ryad pourrait prendre à son compte une diminution de production de 300.000 barils par jour sur la baisse totale d'un million.

Pourtant, le royaume saoudien était récemment apparu comme le pays le plus hostile à des prix du pétrole trop élevés, de peur qu'ils n'entament la croissance économique et ne poussent les pays consommateurs vers des énergies alternatives.

L'Opep entend défendre un prix plancher de 50 à 55 dollars le baril pour "son pétrole", d'après le FT.

Le prix officiel du panier de l'Opep, moyenne des onze bruts produits par chacun des membres du cartel, est tombé à 54,19 dollars le baril mercredi. Il vaut généralement environ cinq dollars moins cher que le brut à New York, ce qui placerait le nouveau prix plancher dans une fourchette de 55 à 60 dollars à New York.

"Cela montre que l'Opep veut défendre un niveau de prix bien plus élevé que par le passé", réagit Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays Capital, pour qui le cartel fait une erreur en réduisant son offre.

Certes, les stocks pétroliers sont très abondants aux Etats-Unis, mais ceux de l'OCDE en général restent inférieurs à la moyenne historique équivalent à 57 jours de couverture, la demande chinoise demeure extrêmement vive et les risques géopolitiques nombreux, argumente l'analyste.

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