Qu'apprennent les cadres supérieurs lorsqu'ils étudient la gestion dans la quarantaine? Surtout à mieux se connaître et à connaître les autres, témoignent trois d'entre eux.

Qu'apprennent les cadres supérieurs lorsqu'ils étudient la gestion dans la quarantaine? Surtout à mieux se connaître et à connaître les autres, témoignent trois d'entre eux.

En 2006, Serge Théorêt, Jean-Marc Chouinard et Tania Kaprelian, trois gestionnaires dans la quarantaine, ont fréquenté le Centre international de recherches et d'études en management (CIREM).

Cet organisme offre, en partenariat avec HEC Montréal, le seul programme intensif de perfectionnement en gestion en français en Amérique du Nord et destiné à des cadres supérieurs.

La formation se déroule en deux périodes de deux semaines, entrecoupées d'un retour au travail d'un mois. Les participants vivent dans le même lieu pendant le mois de classes.

Si on en croit ces trois diplômés, tous en ressortent avec le sentiment d'avoir appris, par-dessus tout, à mieux se connaître et à mieux connaître les autres.

Codéveloppement

Le 8 juin prochain, Serge Théorêt, vice-président, distribution et logistique, de Natrel, animera la troisième rencontre de codéveloppement des diplômés du trimestre d'automne 2006.

Plus d'une quinzaine de cadres de direction viendront aider un des leurs à résoudre un problème épineux.

M. Théorêt voit dans ce forum la plus importante retombée de son retour aux études.

Il s'est bien sûr nourri avec bonheur des cours offerts dans différents domaines de la gestion par les enseignants du CIREM, qu'ils soient actifs en milieu universitaire ou occupent des postes de direction dans des entreprises.

«Je comprends mieux les préoccupations de mes collègues du marketing ainsi que l'importance de la cohérence entre les stratégies, leur communication aux employés et leur application», donne-t-il en exemple.

Pendant un cours, Serge Théorêt a réalisé, comme ses confrères et consoeurs, qu'il ne savait pas vraiment travailler en équipe.

À 45 ans, c'est tout un choc! Heureusement, le cours donnait des pistes pour corriger cette lacune.

Il les applique le plus possible avec les cadres qui l'entourent. Il tient également des rencontres régulières avec les 400 employés de sa division.

Mais ses principaux acquis sont ailleurs.

«J'ai fait mes apprentissages les plus importants auprès des autres participants. C'est un grand privilège de fréquenter des individus qui possèdent autant d'expériences dans plusieurs types d'organisation. Le CIREM m'a aidé à mieux apprendre des autres», dit-il.

Selon Serge Théorêt, les cadres très occupés ont donc tendance à donner rapidement des solutions à ceux qui leur soumettent des problèmes.

«Dans notre groupe de codéveloppement, nous nous efforçons d'aider celui ou celle qui nous soumet une question en l'obligeant à préciser les enjeux. Nous accompagnons sa réflexion sans donner de recettes», dit-il.

Le recul

L'ancien champion canadien d'escrime Jean-Marc Chouinard est aujourd'hui directeur, développement des enfants et des communautés, à la Fondation Lucie et André Chagnon.

Déjà détenteur d'un baccalauréat en sociologie et d'une maîtrise en urbanisme, il a choisi le programme de courte durée du CIREM pour des raisons pratiques au printemps 2006.

«Je n'avais pas mesuré toutes les retombées de cette intensité et de la vie dans un même lieu avec les autres, pendant un mois. Tu oublies tout le reste et tu prends un recul qui favorise l'introspection. Cette formule stimule la découverte et la connaissance de soi et des autres», dit-il.

Dans les championnats du monde et aux Jeux olympiques, Jean-Marc Chouinard avait acquis la certitude que ces connaissances sont essentielles au succès d'une équipe. «Avec CIREM, j'ai compris que c'était tout aussi vrai en milieu de travail», précise-t-il.

Comme Serge Théorêt, il croit que ses contacts avec les autres participants sont l'une des plus importantes retombées de cette formation. Plusieurs d'entre eux sont devenus ses discrets confidents et font aujourd'hui partie de son réseau d'entraide professionnelle.

«Il me reste des outils théoriques de la portion plus académique du programme. Mais j'ai surtout retenu de ne rien tenir pour acquis, d'élargir mon regard sur le monde et de clarifier les objectifs en profondeur avant de foncer dans des projets», dit-il.

La patience

Tania Kaprelian évolue dans le secteur financier depuis 1989. Elle dirige la succursale Descarie Férier de la Banque Scotia.

Cette double bachelière en génie agricole et en commerce avoue en rigolant avoir réalisé «qu'on est souvent bien niaiseux malgré les beaux diplômes».

«J'adoptais rapidement une solution sans creuser le problème. Je prenais beaucoup de décisions basées sur des présomptions. Depuis, je pose des questions et encore des questions et je m'adapte mieux aux personnalités de mes employés et de nos client», dit-elle.

Mme Kaprelian convient qu'il est difficile d'appliquer ces leçons au quotidien.

«Les habitudes et les préjugés reviennent souvent. Je pense malgré tout que cette formation m'a rendue plus patiente et plus logique, deux qualités essentielles en gestion», résume-t-elle.