De l'usage des autocuiseurs au remplacement des ampoules électriques dans chaque foyer, le président cubain Fidel Castro avait lancé récemment une grande "révolution énergétique" censée sortir Cuba de l'impasse économique, sans réformer son énorme bureaucratie.

De l'usage des autocuiseurs au remplacement des ampoules électriques dans chaque foyer, le président cubain Fidel Castro avait lancé récemment une grande "révolution énergétique" censée sortir Cuba de l'impasse économique, sans réformer son énorme bureaucratie.

Fort du soutien de son riche allié vénézuélien Hugo Chavez qui lui fournit du pétrole à un prix préférentiel, et de la récente aide chinoise, plus parcimonieuse, Fidel Castro a effectué depuis deux ans une marche arrière généralisée sur les timides concessions accordées durant la dramatique décennie des années 1990, dite "période spéciale en temps de paix".

Et à l'inverse de son frère Raul qui le remplace "provisoirement" depuis lundi, M. Castro ne manifestait aucun intérêt à l'égard des expériences chinoise et vietnamienne d'ouverture au capitalisme. Au contraire: si là-bas le maître-mot est "réformer", ce terme est ici banni du langage officiel.

Mise hors circulation du dollar en novembre 2004, onze ans après son autorisation, recentralisation absolue du contrôle des devises, élimination de centaines d'entreprises étrangères notamment européennes, dénonciation des "nouveaux riches" et de l'économie parallèle: la reprise en main battait son plein.

Le nouveau credo du chef de l'Etat s'appelait "révolution énergétique", soit un milliard de dollars d'économies annuelles attendues du renouvellement de l'électroménager national --la Chine y pourvoit-- et du remplacement partout des ampoules traditionnelles par des ampoules à faible consommation (chinoises également), ainsi que de l'installation de puissants groupes électrogènes --allemands le plus souvent-- de préférence à des centrales électriques.

Talon d'Achille de l'économie, les interminables coupures d'électricité devaient ainsi s'alléger pour aider au redémarrage d'une industrie encore très perturbée par la disparition du bloc soviétique.

Fidel Castro y a consacré des dizaines d'heures d'explications télévisées, tant il est vrai qu'"il n'y a pas un projet, colossal ou minuscule, dans lequel il ne se lance avec une passion dévorante", selon le mot de son ami, l'écrivain colombien et prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez.

Le président cubain est en revanche moins disert sur le tourisme --qualifié par lui de "mal nécessaire"-- première ressource du pays avec plus de deux milliards de dollars de rentrées l'an dernier, bien que les professionnels parlent de "perte d'attractivité" en raison d'un rapport qualité-prix insuffisant.

Surtout, l'alliance avec le Venezuela a favorisé l'essor d'une industrie de services à grande échelle dans le domaine médical avec le projet "Miracle" (Milagro) de soins ophtalmologiques, qui s'est soldé en juin par plus de 220.500 opérations de patients latino-américains, dont 188.389 Vénézuéliens.

Priorité nationale, l'industrie pharmaceutique a permis à Cuba de devenir une petite "puissance médicale" dont les exportations sont passées l'an dernier au deuxième rang derrière le nickel, avec 300 millions de dollars.

Le nickel, dont Cuba détient un tiers des réserves mondiales, bénéficie de la hausse des cours, favorable au canadien Sherritt, partenaire de longue date des Cubains. Mais, deux ans après son annonce, un investissement chinois de 500 millions de dollars se fait toujours attendre.

Autant d'indicateurs qui ont permis au président cubain d'annoncer une croissance de 11,8% l'an dernier et de 12,5% pour cette année. Des chiffres qui ont laissé pantois nombre d'économistes, même si le mode de calcul cubain se veut unique au monde.

Le Cubain moyen continue, lui, de peiner avec un salaire équivalent à 10 ou 12 dollars mensuels et son maître-mot reste "résoudre" (resolver): trouver la solution aux inombrables problèmes quotidiens posés par les pénuries en tous genres.

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