Les ministres des Finances des pays les plus riches de la planète (G7) devraient faire pression sur la Chine pour qu'elle réévalue sa monnaie, lors de leur réunion samedi à Singapour, même si Pékin continue à faire la sourde oreille.

Les ministres des Finances des pays les plus riches de la planète (G7) devraient faire pression sur la Chine pour qu'elle réévalue sa monnaie, lors de leur réunion samedi à Singapour, même si Pékin continue à faire la sourde oreille.

La Chine maintient le yuan à un niveau artificiellement bas, en le liant étroitement au dollar, ce qui contribue à doper ses exportations dans le monde entier et à tirer sa croissance. Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, y voient une concurrence déloyale.

Lors de leur précédente réunion de printemps, à Washington en avril, les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales du G7 (Etats-Unis, Japon, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Canada) avaient déjà haussé le ton en jugeant "essentielle" une "plus grande flexibilité" du régime de change chinois.

La plupart des économistes s'attendent à ce que ce message soit à tout le moins renouvelé à Singapour, où le forum des pays riches se réunit juste avant les assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (19 et 20 septembre).

Samedi l'occasion en sera donnée avec un déjeuner prévu entre le G7 et le ministre chinois des finances.

Le FMI a préparé le terrain cette semaine en invitant Pékin à redoubler d'efforts en la matière.

"Nous pensons qu'il est dans l'intérêt de la Chine, et pas seulement en matière de taux de change, de laisser les forces de marché déterminer de manière plus efficace l'allocation des ressources dans l'économie", a affirmé vendredi son directeur général, Rodrigo Rato, lors d'une conférence de presse.

Le 21 juillet 2005, Pékin avait abandonné le lien fixe qui reliait sa monnaie au dollar, l'autorisant depuis à évoluer dans des limites étroites. Cette réforme a permis au yuan de s'apprécier de 4% environ. Un geste jugé très insuffisant par les pays occidentaux, alors que les excédents commerciaux chinois continuent de gonfler de manière spectaculaire.

Cette situation est à l'origine de tensions récurrentes notamment entre les Etats-Unis et la Chine.

Dans la foulée du G7, le nouveau secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, doit effectuer sa première visite dans l'ex-Empire du Milieu. Le contentieux commercial devrait y tenir une place de choix, même si M. Paulson semble partisan d'une méthode douce avec Pékin pour parvenir à ses fins.

Pour le reste, les grands argentiers du G7 devraient confirmer à Singapour le diagnostic optimiste délivré cette semaine par le FMI sur la santé de l'économie mondiale, avec une croissance moyenne de 5,1% attendue cette année et un petit ralentissement à 4,9% l'an prochain.

Autre sujet de satisfaction: les cours du pétrole ont perdu plus de quinze dollars depuis leur record historique de 78,40 dollars le baril atteint à la mi-juillet.

Malgré tout, selon l'agence de presse japonaise Kyodo qui s'est procuré une copie du projet de communiqué final du forum, le G7 devrait appeler à la vigilance face au retour de l'inflation au niveau mondial, sous l'effet des prix élevés de l'énergie.

Une situation qui, si elle persiste, conduira les banques centrales à remonter plus que prévu leurs taux d'intérêt, au risque de freiner la croissance.

La nécessité de résorber les "déséquilibres mondiaux" devrait elle aussi, comme à l'habitude, figurer en bonne place dans le communiqué final. Ce terme fait référence aux déficits américains abyssaux (commercial et budgétaire), à leur contrepartie, les énormes excédents des pays asiatiques et producteurs de pétrole -qui financent par ce biais en grande partie la croissance américaine- et enfin le manque de réformes économiques en Europe et au Japon.

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