La Commission européenne a exprimée lundi son inquiétude, en matière de respect de la concurrence, à propos du projet de rachat du groupe d'informations financières Reuters par son concurrent canadien Thomson et a décidé d'ouvrir une enquête approfondie.

La Commission européenne a exprimée lundi son inquiétude, en matière de respect de la concurrence, à propos du projet de rachat du groupe d'informations financières Reuters par son concurrent canadien Thomson et a décidé d'ouvrir une enquête approfondie.

Suite à une enquête initiale, les services européens de la concurrence ont des inquiétudes «sérieuses» quant aux effets négatifs que ce rapprochement peut provoquer «dans plusieurs marchés du secteur des informations financières», selon un communiqué de la Commission.

L'ouverture d'une enquête approfondie n'augure en rien de la décision finale de Bruxelles. La Commission dispose à présent de 90 jours ouvrables, soit jusqu'au 25 février 2008, pour rendre son verdict sur le point de savoir si le mariage entravera de manière significative la concurrence.

De l'avis de nombreux analystes, il est probable que la Commission européenne impose des cessions d'actifs aux deux groupes comme condition de son feu vert.

Aux États-Unis, l'autorité de la concurrence doit rendre sa décision sur la fusion d'ici au 15 janvier 2008, a précisé lundi Thomson dans un communiqué.

«Nos discussions avec les deux régulateurs (en Europe et aux Etats-Unis, ndlr) ont été constructives et ont évolué conformément à ce que nous attendions», a indiqué le directeur général de Reuters, Tom Glocer, appelé à prendre la tête de l'exécutif du groupe fusionné.

«Les réactions des clients par rapport à la transaction ont été très positives», a-t-il ajouté dans le communiqué, précisant espérer boucler la transaction «vers le premier trimestre 2008».

Reuters a accepté à la mi-mai d'être racheté par son concurrent canadien Thomson pour près de 13 milliards d'euros, afin de créer le numéro un mondial de l'information financière devant l'américain Bloomberg.

Les préoccupations des services européens de la concurrence concernent en particulier «la fourniture de données financières, l'accès aux bases de données d'informations financières» que les deux groupes commercialisent, l'accès aux notes d'analyses des courtiers et plus généralement la fourniture d'informations, précise le communiqué.

Thomson-Reuters, qui resterait coté sur les bourses de Toronto et Londres, détiendrait 34% du marché mondial de l'information financière, contre 33% à Bloomberg. Il pèserait environ 11 milliards de dollars de chiffre d'affaires et emploierait près de 49 000 personnes sur la base des effectifs actuels.

En mai, Tom Glocer avait tenté par avance de répondre aux inquiétudes des autorités de la concurrence en niant que l'opération puisse donner le jour à une situation de «duopole», alors que certains redoutent des hausses de tarifs.

«Le marché ne sera pas dominé par deux acteurs, puisqu'il y a encore au moins 20 autres concurrents», disait-il.

Le secteur de l'information économique est en pleine consolidation alors que les transactions ont explosé ces dernières années sur les marchés financiers.

Le magnat des médias Rupert Murdoch s'est emparé pour cinq milliards de dollars du groupe américain Dow Jones, propriétaire du Wall Street Journal.

Thomson est spécialisé dans les bases de données alors que Reuters fournit surtout des informations en temps réel (prix des actions, des devises, des matières premières, etc.), aux banques, fonds d'investissement et maisons de courtage.

Mais s'il tire 90% de ses revenus des services financiers, Reuters est surtout connu dans le monde comme agence de presse, avec 2.400 journalistes dans 131 pays. Sur ce plan, l'opération devrait surtout profiter au canadien, notamment en Europe où il possède AFX News, agence spécialisée en informations financières rachetée l'an dernier à l'AFP.