Oubliez la crise du crédit, c'est le dollar qui vole la vedette au pays vendredi.

Oubliez la crise du crédit, c'est le dollar qui vole la vedette au pays vendredi.

Après la publication de statistiques encourageantes sur le taux de chômage, le dollar canadien a clôturé la séance à 1,0185 $ US. En fin de matinée, il avait monté à 1,02 $ US.

Le 20 septembre dernier, le huard franchissait le seuil de la parité pour la première fois en 30 ans. Et vers 7h vendredi, Statistique Canada annonçait que le taux de chômage a atteint 5,9% en septembre, du jamais vu depuis 1974, témoignant de la vigueur économique au pays alors que les États-Unis sont aux prises avec une petite crise immobilière et avec un crédit en plein resserrement.

Depuis l'atteinte de la parité par le dollar canadien, les économistes s'entendent pour soutenir que notre monnaie est dopée par une économie robuste et un boom des matières premières telles que le pétrole.

Martin Lefebvre, économiste principal au Mouvement Desjardins, est un de ceux-là. «Les gens se rendent bien compte que l'économie canadienne est dynamique malgré la question du crédit et la contagion potentielle d'un ralentissement américain. En même temps, le marché de l'emploi aux États-Unis reste vigoureux. Peut-être que l'économie américaine fera mieux que prévu.»

En effet, les voisins du Sud tirent leur épingle du jeu malgré les craintes. Le marché du travail a créé 110 000 emplois en septembre. Les données d'août ont été révisées à la hausse, car la baisse de 4000 emplois attendue a été «remplacée» par une hausse de 89 000 postes.

Dans le contexte actuel, M. Lefebvre ne serait pas surpris si les taux d'intérêt demeuraient stables au Canada. «Ceux qui croyaient que la Banque du Canada suivrait la Fed [avec une baisse du taux directeur] songent à mettre le scénario de côté.»

Et selon l'économiste, «il semble que la parité soit bien ancrée maintenant. Si les prix du pétrole restent élevés et si la demande mondiale reste forte pour les matières premières, on peut croire que l'on testera le sommet historique de 1,0433 $ US de 1974.»

Eric Dubé, économiste à la Financière Banque Nationale, voit deux raisons derrière la vigueur de notre dollar. «Premièrement, il y a les données de l'emploi de ce matin. Il y a aussi l'annonce de la banque d'affaires Merrill Lynch, qui connaît son premier trimestre négatif en six ans. Le dollar américain est sous pression, ce qui donnera des jambes au dollar canadien.»

À son avis, les taux d'intérêt américains auront un impact ici. «Il faut savoir combien de temps durera le cycle d'assouplissement monétaire de la Fed. Dans le fond, si l'économie américaine ne plonge pas en récession, la parité entre les deux dollars durera un bon bout de temps, peut-être plusieurs années.»

Selon M. Dubé, les astres sont présentement bien alignés pour le huard. «Il n'y aura aucune raison de voir une baisse prochaine des prix des matières premières alors que le huard bénéficie d'une prime liée au pétrole. Les finances publiques sont extrêmement saines malgré la réduction de la TPS. Les investisseurs étrangers aiment cela, ce qui soutient le dollar canadien.»