«On s'en rapporte une caisse! Ce sera un beau souvenir de voyage. On pourra célébrer de bons moments, le partager avec quelques amis», lancez-vous à votre chéri.

«On s'en rapporte une caisse! Ce sera un beau souvenir de voyage. On pourra célébrer de bons moments, le partager avec quelques amis», lancez-vous à votre chéri.

Le producteur artisan qui vient de vous montrer son vignoble, de vous faire goûter à plusieurs de ses p'tits boires qui ne sont pas offerts au Québec sera bien heureux de votre décision prise dans un élan d'enthousiasme, alors que votre jugement était peut-être éméché.

Ces 12 bouteilles risquent cependant de vous coûter cher.

Ah oui, c'est vrai! vous dites-vous soudain dans un bref accès de lucidité, comment vais-je ramener tout ça?

Pas de problème, répond le vigneron, soucieux de ne pas perdre sa vente. Je vous fait expédier le tout par la poste. Par bateau, les frais ne sont pas très élevés.

Si les PTT françaises acceptent de transporter du vin, sachez que Postes Canada renvoie les colis contenant de l'alcool à l'expéditeur ou les détruit tout simplement.

Une messagerie privée acceptera la marchandise, mais elle facture au poids. Soyez assurés que la note sera plus salée que votre vin est fruité, sans compter qu'à l'arrivée, le colis sera dédouané à grands frais.

Des frais d'entreposage seront aussi exigés, si vous tardez moindrement à en prendre possession.

Dédouaner du vin coûte cher. Par exemple, une bouteille de 750 ml, payée l'équivalent de 10 $ en France ou en Italie, entraîne des frais de 10,13$. Cette facture correspond à la somme des droits de douane et d'accise, de la TPS, de la majoration de 66% de la SAQ, de la taxe spécifique de 67 cents et de la TVQ de 7,5%.

En Ontario, la note est moins salée car la marge du monopole s'élève à 39% contre 66% pour la SAQ. La LCBO a calculé à la demande de La Presse qu'une bouteille payée 14$ à l'étranger revient en fait à 23,53$ une fois dédouanée, soit une fois et deux tiers son prix d'achat.

Bon prince, Ottawa accorde une exemption équivalente à 1,5 litre (deux bouteilles de format ordinaire) de vin pour tout séjour de plus de 48 heures à l'étranger.

Arrivés à Pierre-Elliott-Trudeau, vous devrez donc déclarer huit de ces 12 bouteilles. Votre caisse payée 120$ vous revient en fait à 201,04$, en excluant le coût du transport. À Pearson, cette même caisse reviendra quand même à 172$.

Bonjour les aubaines!

La SAQ autorise un citoyen à rapporter jusqu'à neuf litres de vin, soit l'équivalent d'une caisse de 12 bouteilles ordinaires.

Au-delà de cette quantité, vous devenez importateur privé et devrez faire livrer votre marchandise à l'entrepôt du monopole. En Ontario, la limite atteint 45 litres ou cinq caisses.

Pour amortir le coût du transport, vous pensez avoir recours au bon vieux système D. Six bouteilles chacun dans ses bagages et le tour sera joué.

Pas si simple. Depuis le 11 septembre, on ne peut plus monter dans la cabine d'un avion les bouteilles qui ne viennent pas de la boutique hors-taxe de l'aérogare, preuve d'achat à l'appui.

C'est donc 12 bouteilles à envoyer dans la soute. En classe économique, les grands transporteurs comme Air Canada, Air Transat ou Air France autorisent deux bagages par personne n'excédant pas 23 kilos chacun.

À elle seule, une bonne valise pèse près de cinq kilos. Une bouteille fait quant à elle 1,5 kilo.

Tout poids excédentaire entraîne des frais de 35$ par bagage chez Air Canada, de 7$ par kilo supplémentaire chez Air Transat et de 50 euros (environ 71$), quel que soit l'excédent, chez Air France.

Avec tous ces frais et tracasseries, il faut vraiment que le vignoble vous ait fait une forte impression pour désirer quand même ramener plus de deux bouteilles par personne