Le groupe industriel français Alstom a raflé au premier semestre près de 10 milliards d'euros de commandes, un record, et vu son bénéfice bondir de près de 70%, confirmant le redressement de sa situation financière qui lui permet désormais d'envisager des acquisitions.

Le groupe industriel français Alstom a raflé au premier semestre près de 10 milliards d'euros de commandes, un record, et vu son bénéfice bondir de près de 70%, confirmant le redressement de sa situation financière qui lui permet désormais d'envisager des acquisitions.

Les résultats semestriels "confirment que nous sommes passés d'une situation de redressement à une situation de croissance rentable", s'est félicité lors d'une conférence téléphonique Patrick Kron, PDG d'un groupe au bord de la faillite en 2003.

L'activité commerciale d'Alstom, minée au début des années 2000 par une profonde crise de confiance de ses clients, atteint aujourd'hui des "records": le groupe a reçu pour 9,664 milliards d'euros de nouvelles commandes au premier semestre de son exercice décalé 2006/07, en grande partie dans l'énergie. C'est 600 millions de plus que les attentes moyennes des analystes citées par la banque d'affaires américaine JPMorgan.

Avec un carnet de commandes de 30 milliards d'euros, le groupe a désormais un peu plus de deux années d'activité assurées, a souligné M. Kron.

Alstom a par ailleurs annoncé lundi 227 millions d'euros de bénéfice net, en hausse de 67%, pour un chiffre d'affaires de 6,608 milliards d'euros (+8%). Le bénéfice opérationnel a gagné 27% à 413 millions d'euros.

Fort de ces résultats, le groupe a relevé ses objectifs: il table désormais sur "une hausse du chiffre d'affaires de plus de 10% pour l'exercice 2006/07", contre 8% précédemment, et estime que son objectif initial d'une marge opérationnelle de 7% pour 2007/08 "devrait être dépassé".

Autant de chiffres qui ont séduit les investisseurs: l'action Alstom a terminé la séance sur un bond de 8,45% à 82,15 euros, soit la plus forte progression du CAC 40, tandis que le marché parisien prenait 0,79%.

Des investisseurs d'autant plus optimistes que la société a rassuré sur sa santé financière. De 4 milliards d'euros en 2003, la dette nette avait été ramenée à 611 millions d'euros au 30 septembre dernier, contre encore 1,25 milliard au 1er avril.

Si l'on inclut 700 millions d'euros de cautions déposées auprès des banques en 2004, qu'Alstom devrait récupérer avant mars 2008, "la dette nette est devenue nulle", s'est plu à remarquer Patrick Kron.

Dans ce contexte, Alstom peut de nouveau envisager des acquisitions, et se veut "à l'écoute des opportunités" selon son PDG. Cependant, "on parle à ce stade de montants modestes parce que c'est une chose de reprendre de la marge de manoeuvre financière, c'en est une autre de faire des acquisitions sensées", a souligné M. Kron.

Côté partenariats, les projets avec le groupe de BTP Bouygues, actionnaire de référence d'Alstom avec 24,4% de son capital, "se mettent en place progressivement", a-t-il dit.

Les deux groupes, qui vont construire ensemble le tramway de Reims ou encore l'EPR, la centrale nucléaire de troisième génération d'EDF à Flamanville (Manche), viennent de signer un accord en vue d'une joint-venture dans l'hydroélectricité.

Alstom voit par ailleurs dans la Russie un marché d'avenir et indique d'ores et déjà être "en pourparlers sur des contrats significatifs" dans le pays.

Ces commentaires intervenaient deux jours après que le groupe eut trouvé un accord avec Bombardier dans le dossier des trains de banlieue en Ile-de-France.

Alstom va finalement sous-traiter environ un tiers de ce contrat de 2,7 milliards d'euros attribué au canadien, et a donc retiré le recours en référé déposé contre son rival qu'il soupçonnait de concurrence déloyale.

M. Kron a estimé que cet accord valait mieux qu'une "guérilla juridique", tout en restant "choqué du deux poids deux mesures" réservé selon lui au canadien en France et au Canada.

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ggy/jlb/hel