Le drapeau rouge et blanc du Japon flotte désormais devant le siège social de la Brasserie Sleeman à Guelph, en Ontario, qui est aussi propriétaire d'Unibroue au Québec.

Le drapeau rouge et blanc du Japon flotte désormais devant le siège social de la Brasserie Sleeman à Guelph, en Ontario, qui est aussi propriétaire d'Unibroue au Québec.

C'est l'un des effets de la transaction de 400 millions de dollars avec la brasserie japonaise Sapporo qui a été officialisée hier à Toronto par John Sleeman, président-fondateur de la brasserie, et ses " nouveaux patrons et partenaires " nippons.

Pour la filiale québécoise, la brasserie Unibroue de Chambly, ce changement de propriétaire aura des conséquences à court terme pour ses ambitions internationales.

" Unibroue produit des bières à caractère très unique qui devraient intéresser les consommateurs japonais. Nous prévoyons donc effectuer des tests de marché dès les prochains mois dans notre réseau de 200 pubs au Japon, surtout dans la grande région de Tokyo ", a indiqué Nobuhiro Hashiba, directeur des activités internationales de Sapporo, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

"Avec notre réseau de pubs, nous sommes en mesure de suggérer fortement à leurs gérants de proposer des nouveaux produits à leurs clients, qui sont déjà parmi les consommateurs de bières les plus sophistiqués en Asie, a dit M. Hashiba. Avec certaines bières d'Unibroue, je crois que nous avons de bonnes chances de faire une percée en vantant leur caractère inspiré de Belgique, mais avec la particularité d'être brasées dans la région française du Canada, au Québec. "

Un objectif particulier? " C'est encore trop tôt pour présumer du succès. Mais pour le moment, nous envisageons les premiers essais de marché pour le début de l'an prochain ", a indiqué M. Hashiba lors d'un entretien en anglais, sans recours à l'interprète qui le suivait pas à pas. Quant à l'impact de ce projet d'essais au Japon sur le volume de production de la brasserie de Chambly, il y a évidemment encore loin de la coupe aux lèvres.

D'autant que la priorité commerciale de Sapporo avec sa nouvelle filiale canadienne est d'accélérer la croissance des parts de marché en Amérique du Nord.

" Nous ciblons une croissance des ventes d'au moins 10 % par année à l'échelle continentale, ce qui est mieux que ce que fait tout le marché de la bière ", a souligné M. Hashiba.

À ce titre, la filiale québécoise Unibroue et ses bières sont plutôt bien placées.

En fait, les activités de commercialisation d'Unibroue aux États-Unis avaient une longueur d'avance sur celles de Sleeman lors de son achat il y a deux ans. Et depuis, elles ont servi de modèle d'expansion pour Sleeman au sud de la frontière.

Mais avec la prospère Sapporo comme nouvel actionnaire unique, Sleeman et Unibroue auront encore plus de moyens d'investir dans la croissance de leurs ventes américaines.

Sapporo compte aussi y accroître les ventes de ses propres bières en Amérique du Nord. Des bières dont elle confie d'ailleurs la production en sous-traitance à Sleeman depuis quatre ans, à sa brasserie de Guelph en Ontario. La brasserie Unibroue de Chambly a-t-elle des chances d'obtenir pareil mandat de sous-traitance? Très peu probable en raison d'une trop grande différence de procédé de brassage, a répondu M. Hashiba, de Sapporo. " Les bières de Sapporo, de type lager, s'intègrent bien au processus de brassage à Guelph. À Chambly, notamment, on utilise des levures trop différentes en raison des types de bières qu'on y produit. "

Les dirigeants de Sapporo se donnent quelques mois pour bien apprivoiser les affaires de Sleeman avec son président-fondateur et ses principaux adjoints, qui demeurent en poste.

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