Les entreprises canadiennes pourraient manquer d'employés au moment où les baby-boomers atteignent l'âge de la retraite, ce qui pourrait contraindre certaines entreprises à supplier leurs employés de rester, tandis que des travailleurs mal préparés financièrement pourraient découvrir qu'ils ne peuvent se permettre de quitter, révèlent les données rendues publiques mardi par Statistique Canada.

Les entreprises canadiennes pourraient manquer d'employés au moment où les baby-boomers atteignent l'âge de la retraite, ce qui pourrait contraindre certaines entreprises à supplier leurs employés de rester, tandis que des travailleurs mal préparés financièrement pourraient découvrir qu'ils ne peuvent se permettre de quitter, révèlent les données rendues publiques mardi par Statistique Canada.

D'ici 10 ans, il y aura plus de départs du marché du travail que d'arrivées, indique l'agence fédérale en s'appuyant sur les chiffres compilés lors du recensement de 2006. Cela pourrait provoquer une pénurie d'employés expérimentés, quand trop de travailleurs partiront à la retraite en même temps.

La première vague de baby-boomers a atteint l'âge de 60 ans l'an dernier, et plusieurs envisagent déjà une retraite. Mais selon des planificateurs financiers, plusieurs employés seront contraints de rester, simplement parce qu'ils ne pourront pas se permettre de quitter.

Que ce soit en raison de soins de santé améliorés, des innovations technologiques et de meilleures habitudes de vie, les Canadiens vivent de plus en plus vieux, précise Statistique Canada, et pour certains, une meilleure santé signifie que les fonds finiront par manquer.

Une durée de vie allongée combinée au fait que les enfants restent à la maison plus longtemps signifie que les baby-boomers sont assiégés, a estimé David Cravit, vice-président marketing pour le Groupe 50 Plus, la division en ligne de l'Association canadienne des retraités.

«C'est un tsunami composé de ces différentes forces. C'est un problème bien concret, a-t-il dit. On voyage, on retourne à l'université, il y a toutes ces choses fantastiques qu'on peut faire. Je suis en meilleure santé que jamais. Il y a cette occasion merveilleuse ü on redéfinit le vieillissement de manière positive, mais oups, est-ce que j'ai assez d'argent pour faire ça? C'est un verdict partagé.»

Le recensement de 2006 a permis de déterminer que le nombre de Canadiens âgés de plus de 80 ans a progressé du quart depuis 2001 et que le nombre de ceux qui atteignent l'âge de 100 ans a grimpé de 22 %.

Mais une étude publiée le mois dernier par l'Université de Waterloo précisait que les deux tiers des Canadiens âgés de 40 à 45 ans n'arriveront pas à subvenir à leurs besoins au moment de la retraite, à moins d'augmenter leur niveau d'épargne ou de continuer à travailler après l'âge de 65 ans.

Liz Wright, une analyste de la firme Watson Wyatt, explique de son côté que la plupart des grandes entreprises canadiennes n'ont pas encore entrepris de confronter le problème du vieillissement de leur main d'oeuvre.

Une étude réalisée par sa firme, et qui doit être rendue publique à l'automne, révèle que seulement 3,2 % des 100 entreprises interrogées ont dit prendre des mesures pour accommoder ces nombreux départs à la retraite. De plus, seulement une poignée de compagnies ont ajusté leur système de ressources humaines pour s'adapter aux travailleurs plus âgés.

«Ces informations viennent confirmer que les entreprises et les gouvernements doivent se pencher sans tarder sur le défi de la pénurie de main-d'oeuvre et sur celui de la relève, car la situation ne peut que s'aggraver dans les années à venir», a estimé Corinne Pohlmann, vice-présidente des affaires nationales à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

Les provinces, par contre, semblent prendre le problème plus au sérieux. Cinq d'entre elles, dont le Québec et l'Ontario, en plus des Territoires du Nord-Ouest, ont aboli la retraite obligatoire, et deux autres feront de même d'ici l'an prochain.

Certaines entreprises - comme McDonald, Home Depot, Wal-Mart et la Banque Royale - ont aussi mis en place des programmes pour embaucher des travailleurs plus âgés ou freiner les départs à la retraite. Mais des experts prédisent que ces efforts ne suffiront pas à combler la pénurie anticipée.