L'armée américaine a servi un ultimatum à Bell Helicopter: le Pentagone lui a donné 30 jours pour remettre de l'ordre dans un contrat pour 368 hélicoptères caractérisé par des délais importants et une explosion des coûts.

L'armée américaine a servi un ultimatum à Bell Helicopter: le Pentagone lui a donné 30 jours pour remettre de l'ordre dans un contrat pour 368 hélicoptères caractérisé par des délais importants et une explosion des coûts.

Mais à Mirabel, où l'on fabriquera l'ARH (Armed Reconnaissance Helicopter), on ne se montre pas inquiet.

«Je suis très confiant de voir l'ARH continuer, a déclaré hier le président de Bell Helicopter Textron Canada, Jacques Saint-Laurent, dans une entrevue avec La Presse Affaires. D'une part, parce que l'appareil performe très bien en terme de vitesse, en terme d'équipement. D'autre part, parce que les militaires américains en ont besoin.»

M. Saint-Laurent avait une autre raison de sourire vendredi: Bell Helicopter Textron Canada a organisé une petite cérémonie à son usine de Mirabel pour souligner le vol inaugural d'un tout nouvel appareil, le Bell 429. L'appareil, qui coûtera la bagatelle de 5 millions de dollars US, fait déjà l'objet de plus de 200 commandes.

L'ARH, qui est une version améliorée et militarisée d'un appareil existant, le Bell 407, connaît des jours plus difficiles.

C'est en août 2005 que Bell Helicopter a obtenu le contrat de l'ARH. Les 368 hélicoptères devaient être assemblés chez Bell Helicopter Textron Canada à Mirabel et transformés en appareils militaires dans les installations de Bell Helicopter Textron aux États-Unis.

La militarisation des appareils s'est cependant révélée plus complexe que prévu. Les coûts de développement sont passés de 210 millions US à 300 millions US et les premières livraisons, prévues pour septembre 2008, ont été reportées à décembre 2009.

En outre, un des quatre prototypes a été endommagé en février dernier lors d'un atterrissage d'urgence sur un terrain de golf au Texas.

L'armée américaine a ordonné de cesser les travaux et a donné 30 jours à Bell Helicopter Textron pour «décrire une stratégie qui maximiserait la performance du contrat tout en réduisant l'impact négatif des coûts et de l'échéancier sur le gouvernement».

Dans une entrevue à Bloomberg, le responsable des programmes d'aviation de l'armée américaine, le brigadier général Steven Mundt, a fait savoir que le gouvernement était prêt à écouter ce que Bell avait à proposer.

«Nous voulons cet appareil, mais si ce n'est pas dans nos limites, nous ne pouvons poursuivre sur cette voie, a-t-il déclaré. Il faudra regarder ailleurs.»

À Mirabel, M. Saint-Laurent a affirmé que le problème allait se régler «au niveau de l'administration contractuelle».

«Effectivement, il y a un arrêt de travail au niveau des particularités militaires de l'appareil, mais nous, ici, nous continuons de travailler, a-t-il déclaré. Nous commençons tout tranquillement les activités de production associés à ce contrat-là.»

Bell Helicopter Textron Canada devait également produire une version commerciale de l'ARH, le Bell 417, un appareil qui devait emprunter ses capacités pour utilisation dans les climats chauds et à haute altitude.

L'entreprise a toutefois abandonné ce projet au début de mars parce que les coûts de conception étaient tellement importants qu'il aurait fallu vendre l'hélicoptère à un coût beaucoup trop élevé.

L'entreprise s'est consolée avec le Bell 429, le premier rejeton d'une nouveau famille, MAPL (Modular Affordable Product Line).

L'appareil suscite beaucoup d'intérêt dans les milieux ambulanciers (l'intérieur a été conçu en collaboration avec une infirmière spécialisée dans les vols d'hélicoptères ambulanciers), utilitaires et d'affaires.

Pour faire un jeu de mots avec le nom de la nouvelle famille (en anglais, «maple» signifie érable), Bell Helicopter a servi hier de la tire sur de la neige et des bonbons à l'érable à ses invités.