La bataille juridique entre les deux géants mondiaux des microprocesseurs Intel et AMD n'a cessé de prendre de l'ampleur, du Japon aux Etats-Unis en passant par l'Europe, depuis le début des années 2000, sans que le litige approche de son épilogue.

La bataille juridique entre les deux géants mondiaux des microprocesseurs Intel et AMD n'a cessé de prendre de l'ampleur, du Japon aux Etats-Unis en passant par l'Europe, depuis le début des années 2000, sans que le litige approche de son épilogue.

Fondé en 1969 à Sunnyvale en Californie, Advanced Micro Devices (AMD) s'est d'abord contenté de cloner les micro-processeurs d'Intel. Mais progressivement, le groupe s'est entouré d'excellents ingénieurs, jusqu'à exploser à la fin des années 1990 avec des produits innovants et extrêmement performants.

Lassé de voir sa part de marché stagner autour des 20%, contre 80% pour son rival, le groupe a alors fait sa petite enquête.

La conclusion figure au frontispice de son site internet: "Un succès mérité est une chose. Le maintien illégal d'un monopole en est une autre", y assène son PDG, Hector Ruiz.

"Nous avons fait de gros progrès ces 5-6 dernières années, mais ce succès, unanimement reconnu par l'industrie, n'est pas reflété dans notre part de marché, car Intel nous bloque", estime Jens Drews, l'un des porte-parole d'AMD, de passage à Bruxelles.

Intel est si puissant "qu'il peut manipuler" les fabricants et les distributeurs de PC, déplore-t-il, convaincu qu'Intel a empêché AMD "de grandir autant qu'il aurait dû".

Selon lui, Intel force les fabricants de PC à boycotter les microprocesseurs AMD et les menace de représailles s'ils conservent des relations commerciales avec son concurrent.

Dans sa plainte devant la justice américaine, AMD stigmatise la manière dont son rival a "forcé ses principaux clients Dell, Sony, Toshiba, Gateway et Hitachi à des accords d'exclusivité en échange de ristournes en liquide (...) ou de subventions marketing".

En Allemagne, les autorités de la concurrence soupçonnent Intel d'avoir agi de même avec le premier distributeur européen d'électronique grand public. Elles pensent qu'Intel a fait pression sur Media Markt pour l'empêcher de commercialiser des ordinateurs équipés de puces AMD.

"Si le plus grand distributeur ne vend pas nos produits, nous ne pourrons jamais toucher le consommateur", se lamente Jens Drews.

Ces nouvelles accusations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. Cet été, Bruxelles s'est accaparé le dossier, estimant que ces pratiques semblaient similaires à celles "examinées par la Commission dans le cadre de son enquête sur un éventuel abus de position dominante".

Cela fait six ans que la Commission étudie la plainte d'AMD. En juillet 2005, elle s'est enfin décidée à mener des inspections surprise dans 16 villes d'Europe, visant tant les locaux d'Intel que ceux de ses clients.

De telles perquisitions attestent de l'intérêt qu'elle accorde aux accusations d'AMD. De l'avis de plusieurs sources européennes, Bruxelles pourrait décider d'épingler Intel dans les prochains mois.

Cet avertissement ne serait pas le premier car en mars 2005, les autorités japonaises de la concurrence ont elles-mêmes décrété qu'Intel Japan abusait de sa position dominante depuis 2002.

Aux Etats-Unis, l'Etat du Delaware a quant à lui lancé une procédure en juin 2005, mais aucune décision ne devrait intervenir avant 2008.

Face à cette offensive tous azimuts, Intel fait front et affirme que "dans toutes ces affaires, (il) n'a rien fait d'illégal".

"Nous avons coopéré avec le personnel de la Commission depuis plus de 5 ans", mais à ce jour, argue le porte-parole d'Intel, Chuck Mulloy, "il n'y a aucune preuve" de ce qu'avance AMD.

Une affirmation contestée par AMD qui rappelle que des fabricants d'ordinateurs comme Gateway ou Compaq ont reconnu des pressions d'Intel.

"Notre capacité à élaborer des produits n'est pas suffisante, juge le groupe, qui aujourd'hui "a besoin d'une action des autorités de la concurrence".

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dom/aud/mpf