En acquérant Cambior, l'entreprise aurifère Iamgold, de Toronto, doublera presque de taille pour se hisser parmi le top 10 mondial des producteurs de plus d'un million d'onces d'or par an.

En acquérant Cambior, l'entreprise aurifère Iamgold, de Toronto, doublera presque de taille pour se hisser parmi le top 10 mondial des producteurs de plus d'un million d'onces d'or par an.

Et pour environ 1,2 milliard de dollars canadiens, par échange d'actions, le président d'Iamgold, Joseph Conway, est convaincu de faire une bonne affaire, au bon moment.

" Cambior est un peu serrée financièrement et se retrouve ainsi sous-évaluée en Bourse, malgré sa bonne feuille de route comme exploitante de mines d'or ", a-t-il indiqué à La Presse Affaires, en entrevue hier à Toronto.

" Iamgold est déjà bonne du côté de l'exploration. Mais en combinant ses talents avec ceux de Cambior en exploitation, dans une entreprise mieux capitalisée, nous pourrons aller encore plus loin. "

Peu après l'annonce de la transaction, Joseph Conway était tout sourire lors qu'il s'est présenté hier à la conférence annuelle des mines et métaux de la firme boursière Merrill Lynch, dans un hôtel sur Bay Street.

Plusieurs analystes et gestionnaires de fonds d'investissement l'ont accueilli avec des poignées de mains et des mots de félicitations.

Après tout, Joseph Conway allongera encore la série sans précédent de transactions milliardaires dans l'industrie aurifère au Canada.

Aussi, Iamgold était connue comme une productrice d'or de taille intermédiaire (600 000 onces par an) en mal de croissance, avec un bilan sans dette et riche de 200 millions US en liquidités.

Depuis deux ans, elle avait même échappé aux mains de rivaux deux gros projets de fusion, avec les aurifères Gold Fields et Wheaton River Mineral.

Avec Cambior, Iamgold estime avoir enfin trouvé le moyen de rehausser rapidement sa position dans une industrie en pleine consolidation.

" Comme entreprise de ressources, il faut remplacer et accroître les réserves (de minerai) pour grandir de façon intéressante pour les actionnaires, a dit Joseph Conway."

" C'est aussi important de disposer d'une bonne masse critique de fonds autogénérés, pour financer cette croissance des ressources et des réserves. "

Mais dans l'immédiat, à voir la première réaction négative en Bourse, les dirigeants d'Iamgold devront encore justifier leur entente d'acquisition avec Cambior.

Les actions d'Iamgold ont chuté de 12,8 % à 10,02 $ hier à la Bourse de Toronto.

Certes, tout le secteur aurifère était encore en baisse, hier. Et les transactions de fonds d'arbitrage, typiques après une telle annonce de transaction, ont amplifié la glissade des actions d'Iamgold.

" Des investisseurs estiment qu'Iamgold paie un peu cher pour Cambior. Cette entreprise n'est pas des plus performantes parmi les producteurs d'or de talle intermédiaire ", selon Steven Butler, analyste des mines et métaux chez Canaccord Adams, à Toronto.

Cela dit, à l'instar d'une bonne majorité analystes qui surveillent Iamgold, Steven Butler maintient sa recommandation d'achat de ses actions.

" Iamgold a un bon bilan financier parmi ses pairs, sûrement meilleur que celui de Cambior. Mais il lui manque encore des bonnes capacités d'exploitation minière, ce qu'elle obtiendra avec Cambior. Une telle transaction est aussi incontournable pour Iamgold, afin d'accéder à un seuil supérieur parmi les producteurs d'or. "

En fusionnant Cambior, Iamgold doublera presque sa production à, un million d'onces par an, de même que ses réserves prouvées probables, à 37 millions d'onces.

" Dans l'industrie aurifère, ce seuil de production d'un million d'onces par an est devenu la nouvelle norme pour qu'une entreprise attire l'attention des investisseurs boursiers les plus influents ", selon Paul O'Brien, analyste chez Raymond James à Toronto.

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