Si depuis cinquante ans le nombre de repas consommés à l'extérieur de la maison n'a cessé de croître, alors que les femmes investissaient le marché du travail, la tendance pourrait bien être sur le point de s'inverser en raison d'une surprenante tendance démographique.

Si depuis cinquante ans le nombre de repas consommés à l'extérieur de la maison n'a cessé de croître, alors que les femmes investissaient le marché du travail, la tendance pourrait bien être sur le point de s'inverser en raison d'une surprenante tendance démographique.

Aux États-Unis, pour la première fois depuis les années 50, la proportion de femmes choisissant de travailler à l'extérieur de la maison est restée stable depuis plusieurs années : cela a eu pour effet de faire stagner le nombre de repas achetés par personne au restaurant.

Dans un intéressant article, le site web Advertising Age remarque qu'une telle tendance, méconnue et qui va à l'encontre de l'opinion commune, pourrait avoir des conséquences considérables sur les supermarchés, qui après avoir longtemps perdu des parts de marché au profit des restaurateurs, ont commencé à regagner du terrain.

«Cela est fascinant parce que c'est contre-intuitif, note John Glass, analyste en restauration pour CIBC Marchés Mondiaux, ou du moins cela va à l'encontre de ce que l'industrie de la restauration dit aux investisseurs depuis des années. Le nombre de repas consommés à l'extérieur a longtemps été un bon indicateur des tendances, et maintenant ce nombre stagne.»

Selon Advertising Age, l'apparente prolifération des chaînes de restaurants, dans les villes et en banlieue, masquerait le fait que le nombre global de restaurants reste stable, parce que de nombreux restaurants indépendants ferment leurs portes.

«Quand Applebee's ouvre une succursale à Manhattan, c'est une grosse nouvelle, mais quand tel restaurant familial ferme, peu de gens s'en rendent compte», explique John Glass.

Depuis 2001, après avoir atteint un sommet, le nombre de femmes travaillant à l'extérieur est en régression et est redescendu sous la barre des 60%, ce qui tarit la source d'une véritable mine d'or démographique pour les restaurateurs.

Pas un retour à l'ancien temps

Mais si les femmes restent plus à la maison, elles ne semblent pas pour autant vouloir retourner à leurs fourneaux : «La croissance dans l'industrie alimentaire est dans les repas pré-emballés. Ce n'est même plus dans les aliments pré-emballés», dit Glass.

On note au même moment une croissance du nombre d'hommes qui cuisinent, qui préparent maintenant 18% des repas aux États-Unis.

Le barbecue a la cote, qui, en raison du réchauffement climatique, est maintenant de plus en plus utilisé à l'année longue.

Parallèlement, les supermarchés ont raffiné leur offre de repas préparés et se positionnent comme des concurrents directs des restaurateurs : « Les gens achètent maintenant leurs repas au supermarché parce que c'est plus pratique. Ce n'est même plus une question de prix.»

Selon Glass, les restaurants avec un service aux tables risquent d'être plus affectés par le regain de force des supermarchés que les chaînes de restauration rapide.

Reste à savoir si cette tendance observée aux États-Unis va se transporter au Québec, où l'évolution démographique ne la favorise pas autant pour l'instant. Selon Statistique Canada, le nombre de femmes au travail continuait de progresser au Québec ces dernières années. On note toutefois dans l'ouest du pays une tendance semblable à celle observée aux États-Unis.