Les femmes âgées vivent une insécurité financière magnifiée.

Les femmes âgées vivent une insécurité financière magnifiée.

«Quand on regarde le portrait statistique des aînés, il est évident qu'être une femme aînée seule est un passeport pour la pauvreté», lance Michèle Asselin, présidente de la Fédération des femmes du Québec.

Le 26 octobre, la FFQ présentera devant la Commission sur les conditions de vie des aînés un mémoire sur la situation économique des femmes à la retraite.

«Le revenu des femmes est non seulement inférieur à celui des hommes, mais l'écart à la retraite est plus grand que durant la vie active», souligne Ruth Rose, principale auteure de ce mémoire, et professeure associée de sciences économiques à l'UQAM.

«D'une part parce que c'est un cumul tout au long de la vie, et que les femmes âgées en particulier sont désavantagées, mais aussi parce que malgré tout, même aujourd'hui, il y a encore 10% de moins de femmes que d'hommes qui contribuent à la RRQ chaque année, et elles y contribuent à un taux d'environ 80% - et cela à tous les âges.»

Les revenus de retraite provenant des régimes publics - RRQ, prestations de la Sécurité de la vieillesse (PSV), Supplément de revenu garanti - procurent 56% des revenus des femmes de 65 ans et plus, alors que ces sources ne représentent que 39% des revenus des hommes du même âge.

Or, ces femmes reçoivent en moyenne 11 165$ de ces sources, un montant inférieur aux 12 694$ que touchent les hommes.

De la même manière, les femmes de 65 ans et plus retirent deux fois moins de revenus que les hommes des régimes de retraite privés ou de leur REER: 4561$ contre 10 117$.

Le Supplément de revenu garanti (SRG) vise justement à suppléer aux revenus de retraite insuffisants. Or, ce supplément est réduit de 50% de tout revenu autre que la PSV.

Ainsi, si on compare deux personnes seules qui tirent respectivement 10 000$ et 15 000$ par année en revenus privés, la seconde pourrait n'avoir en fin de compte que 1000$ de plus en revenu disponible.

«Vous êtes taxé à plus de 80%», constate Ruth Rose, qui décrit ce phénomène comme un piège à pauvreté.

«Pour la vaste majorité des femmes vivant seules, la moitié des efforts qu'elles ont fait pour avoir un REER, une pension privée ou d'autres formes d'épargnes sont perdus à la retraite parce que leur SRG est réduit en conséquence», conclut-elle dans son analyse.

Elle propose de renforcer les régimes publics - nettement moins généreux que leurs équivalents européens -, et spécialement la RRQ, d'autant plus que les régimes privés se réduisent comme peau de chagrin.

«Et il faut mieux reconnaître le travail fait par les femmes auprès des enfants et des adultes malades ou invalides», insiste-t-elle.

«La rente de conjointe survivante est celle qui donne le plus aux femmes, mais une mère monoparentale n'en reçoit aucune. Pourtant, c'est elle qui a fait le plus de sacrifice pour élever des enfants. La société devrait le reconnaître.»