«Il ne faut pas se conter d'histoire, la saison touristique ne sera pas trop forte cet été à Montréal.»

«Il ne faut pas se conter d'histoire, la saison touristique ne sera pas trop forte cet été à Montréal.»

C'est du moins ce que prévoit le vice-président principal de l'Association des hôtels du Grand Montréal, William Brown, à l'approche de la cruciale saison estivale pour l'industrie touristique.

Lors d'un entretien hier avec La Presse Affaires, le responsable a attribué la baisse prévue de la clientèle à plusieurs facteurs, dont la frilosité des visiteurs américains, qui constituent la majorité des touristes au Canada.

Tous les dirigeants touristiques «sont un peu inquiets de voir l'évolution du marché américain», confirme de son côté Pierre Labrie, directeur général de l'Office du tourisme de Québec.

«Nos amis américains délaissent tout le Canada et pas seulement Québec. C'est une baisse constante depuis 2002», dit-il.

S'il le reconnaît, le président de l'Association des hôtels du Canada, Tony Pollard, souligne par contre que la baisse du tourisme américain sera de moindre ampleur cette année. Au total, Tony Pollard prévoit ainsi une hausse de 1ou 2% du tourisme au Canada.

La grande vigueur du huard canadien, qui trône à plus de 92,50 cents US, risque de refroidir des visiteurs américains.

Bill Brown lui-même vient d'acheter 100$ US au prix de seulement 108,25$ CA. «Le dollar canadien approche de la parité», souligne Tony Pollard.

«C'est loin des 65 cents US d'il y a cinq ou six ans. C'était l'équivalent de deux ou trois jours de vacances gratuits au Canada pour les touristes américains», dit-il.

Avec un prix de l'essence qui bat des records aux États-Unis, à 3,30$ US le gallon, souligne Bill Brown, des vacanciers américains voudront limiter leurs déplacements au volant de leurs gros véhicules. Tony Pollard ne s'attend pas cependant à un gros impact du prix de l'essence au Canada.

«On a posé la question l'an dernier, quand le prix à la pompe était de 1,25$ le litre, et ça ne touchait que 4% des touristes américains. Par contre, les vacanciers américains pourraient aller moins loin et peut-être pas jusqu'au Canada».

Et le passeport?

Par ailleurs, des touristes américains vont craindre, à tort pourtant, de devoir présenter leur passeport à la frontière, ajoute Bill Brown.

Or, si le passeport est devenu obligatoire pour les voyageurs américains en avion, en janvier 2007, ça ne deviendra le cas qu'en janvier 2008 pour ceux qui se déplacent en automobile. La majorité des touristes américains visitent Montréal en automobile.

«Il y a eu tellement de confusion sur le passeport que ça risque quand même de nuire au tourisme cette année», déplore Pierre Labrie.

Le Conference Board du Canada n'attend pas un revirement du marché touristique américain avant 2009. Le ralentissement économique aux États-Unis, l'endettement des ménages et la baisse du prix de leurs maisons ne pourront qu'influencer leurs projets de vacances de l'été.

En ce qui concerne les congrès, Montréal accusera également une autre baisse l'été prochain, déclare Bill Brown.

À Québec, ce sont les touristes américains qui font la différence. C'est la seule clientèle qui baisse, contrairement à l'internationale et à la canadienne, note Pierre Labrie.

Il est par contre trop tôt pour comparer le niveau des réservations de chambres d'hôtel à celui de l'an dernier, souligne Bill Brown. La famille américaine qui projette de visiter Montréal, en juillet ou août prochain, ne fera pas ses réservations dès mai, mais à la dernière minute, dit-il.

«La prochaine saison pourrait être difficile», reconnaît le directeur général du Marriott Château Champlain, Jacques Hamou.

«Jusqu'ici ça ne va pas si mal, mais il y a certainement une baisse du tourisme américain», dit-il.

«C'est sûr que la vigueur du dollar canadien et le prix de l'essence n'aident pas, mais la saison commence bien», souligne par contre Dimitri Antonopoulos, vice-président marketing du Groupe Antonopoulos, qui exploite une quinzaine d'hôtels et de restaurants dans le Vieux-Montréal.

«Le mois de mai a été très bon et juin s'annonce très bien.»

Avec un taux d'occupation de 93% en mai, l'hôtel Nelligan manquait de chambres et le Groupe Antonopoulos est en train de l'agrandir au coût de 8 millions. «Les premiers clients entreront vendredi prochain», dit Dimitri Antonopoulos.