Certains sceptiques pourraient penser que les fabricants trouvent des avantages à vendre un article 40 % plus cher que son équivalent à fil, à imposer le remplacement d'une composante après quatre ans pour la moitié du prix d'origine... et à encourager ainsi l'achat d'un neuf.

Certains sceptiques pourraient penser que les fabricants trouvent des avantages à vendre un article 40 % plus cher que son équivalent à fil, à imposer le remplacement d'une composante après quatre ans pour la moitié du prix d'origine... et à encourager ainsi l'achat d'un neuf.

Obsolescence planifiée?

«C'est le cours de marketing 101: le marketing ne crée pas de besoins, rétorque Jean-François Ouellet, professeur de marketing à HEC Montréal. Il crée des offres qui viennent parfois réveiller ces besoins latents. Mais il est vrai que l'offre finit par entraîner une certaine obsolescence des anciennes générations.»

La technologie s'améliore-t-elle, au moins? «Les piles semblent moins bonnes qu'avant», a observé une employée d'une succursale du Centre du rasoir. Comment le savait-elle? «On le remarque avec les commentaires des clients.»

Fausse impression, croit Jean-François Ouellet, qui a également une formation en génie électrique.

«Les piles rechargeables sont capricieuses. Les nouvelles générations de piles, celles au lithium-ion, sont plus légères, ce qui est souhaitable pour les applications portables, mais elles sont plus sensibles aux cycles de charge et de décharge et à l'environnement dans lequel elles sont entretenues. Si, par exemple, vous utilisez votre pile à moitié et que vous la rechargez au complet, vous venez d'altérer sa durabilité.»

Pour l'instant, les piles lithium-ion sont nettement plus coûteuses. «Elles sont encore inaccessibles, observe Stéphane Plouffe, marchandiseur pour les outils électriques chez Rona. Je persiste à croire que les consommateurs doivent être plutôt prudents face à cet investissement.»

Par contre, ajoute-t-il, elles ont le grand avantage d'être plus faciles à recycler que les piles au nickel-cadmium - la technologie la plus courante - et de mieux conserver leur charge.

«Une pile au nickel-cadmium laissée dans un placard pendant un mois a perdu environ 80 % de sa charge, poursuit M. Plouffe. Selon les études des manufacturiers, une perceuse avec une pile au lithium-ion inutilisée pendant six mois peut ne perdre que 10 % de sa charge restante.»

Mais que les piles soient au lithium-ion ou au nickel-cadmium, les fabricants sont très discrets sur le coût de leur remplacement.

À ce propos, Jean-François Ouellet cite un proverbe américain selon lequel on peut tromper quelqu'un une fois, mais pas deux.

«Si on n'informe pas explicitement le consommateur des limites du produit qui semble supérieur, les attentes qu'il se crée ne sont pas satisfaites, et il devient lui-même insatisfait, n'est pas loyal à la marque et fait du bouche à oreille négatif. C'est un problème sérieux pour n'importe quelle marque ou manufacturier. L'ennui, c'est que les gestionnaires de produits ne sont souvent en place que pour un an, et si une perceuse provoque un effet négatif dans trois ans, ils ne seront plus là et ce ne sera plus leur problème.»